« Moi, j’ai 150 ans ; je suis bien partie pour être éternelle, et toi ? »
Alice et autres merveilles au Théâtre de la Ville
Il y a longtemps, naissait Alice au pays des merveilles sous la plume de Lewis Carroll. Alice n’a pas une ride, c’est ainsi qu’elle commence à nous raconter son histoire en se baladant parmi les spectateurs. Elle évoque « la vraie Alice » : Alice Liddell. Elle est espiègle et vêtue d’une doudoune jaune et d’un tutu lorsqu’elle suit le Lapin blanc. Interpellée par le Petit Chaperon Rouge, qui lui donne un tip : « le loup est sympa, on finit par s’habituer », elle entre dans un pays des merveilles débordé par les contes, les jouets et le rock’n’roll.
Ce monde, régi par une absence formelle de règles et de limites, semble avoir été conçu pour les enfants, ainsi que pour les grands enfants qui composent ce public émerveillé par la nouvelle collaboration entre Fabrice Melquiot et Emmanuel Demarcy-Mota.
Alice est un nouveau parcours initiatique dans lequel l’héroïne cohabite avec la poupée Barbie, dont l’ombre monumentale apparait telle l’icône de la féminité devant laquelle elle a rétréci, puis Pinocchio et enfin le Grand Méchant Loup sont également présents le temps d’un basculement de décor.
Le spectacle est superbe sur le plan scénique : Alice dégringole, s’envole, grandit et rétrécit derrière des voilages ou à l’intérieur d’une maison. Ces métamorphoses sont conçues par un jeu de lumières si subtil, que c’est dans le clair-obscur plus qu’en pleine lumière, que cette Alice émerveille.
La bande originale est marquée par les années 70 et l’entrée de la Reine de Cœur et du Roi se fait sur Another Brick in the Wall des Pink Floyd. Chez le chat du Cheshire, Alice danse en compagnie de chats dans une bulle au-dessus de la scène, sur fond de Love cats de The Cure et elle grandit, une dernière fois, sur Bo Mambo, arrachant son cri final à Yma Sumac.
Another Brick in the Wall Part 2, n’est pas un hasard, l’adaptation cinématographique de l’album The Wall représentait le fantasme d’un adolescent, Pink, de ne plus recevoir d’ordres, de mettre la classe en feu, et c’est un manifeste de la jeunesse contre la rigidité des règles, un refus d’obtempérer à l’ordre arbitraire d’après-guerre qu’un chœur de collégiens lance par « Nous ne voulons pas de votre éducation » qui trouve un écho dans cette pièce particulière.
On est emporté dans une sorte de ronde endiablée comme chez Emil Nolde ou dans une explosion de couleurs, de personnages, de décors et de sons, bref dans un charmant tourbillon onirique dont le fil conducteur est le rire de Suzanne Aubert.
Alice et autres merveilles,
Théâtre de la Ville
C'étais jusqu’au 24 septembre 2016.
Auteur : Fabrice Melquiot
Réalisateur/Metteur en Scène : Emmanuel Demarcy-Mota
Interprète : Suzanne Aubert , Jauris Casanova , Valérie Dashwood , Philippe Demarle , Sandra Faure , Sarah Karbasnikoff , Gérald Maillet et Walter N'Guyen
Théâtre de la Ville
C'étais jusqu’au 24 septembre 2016.
Auteur : Fabrice Melquiot
Réalisateur/Metteur en Scène : Emmanuel Demarcy-Mota
Interprète : Suzanne Aubert , Jauris Casanova , Valérie Dashwood , Philippe Demarle , Sandra Faure , Sarah Karbasnikoff , Gérald Maillet et Walter N'Guyen