Comment Survivre à Un Mariage Arrangé ?
Bon alors, que je vous explique.
Dernièrement, j’ai pas trop traîné par chez nous et je me suis plutôt joyeusement exilée vers l’Asie, plus exactement au Népal.
Pour cela que je vous ai pondu un texte généreux et durement muri, j'espère qu'il vous plaira.
Le Népal, ça vous dit quelque chose ? L’Himalaya, Katmandou, les hippies, tout ça ?
Vous savez c’est ce pays un peu isolé, entre la Chine et l’Inde, rempli de reliefs et traversé par ce monstre qu’on appelle la chaîne de l’Himalaya.
Pour votre culture, c’est seulement en 1951 que les Népalais ouvrent leurs frontières au monde et se laissent alors peupler par des exilés plutôt fumeurs de joints et tendance « peace and love ». Les hippies s’installeront alors en masse dans cette ville idyllique nommée Katmandou, aujourd’hui l’une des villes les plus polluées du monde… Les hippies auraient créé une ambiance bohème à Katmandou qui ne durera pas plus de 20 ans et qui ne changera apparemment pas non plus les traditions du pays))).
Bon, il se trouve qu’il n’y a pas que de jolies montagnes, ici. Il y a aussi des gens très sympas avec une culture bien différente de la nôtre.
J’ai alors essayé de m’intéresser à eux et à leur mode de vie.
C’est après quelques semaines que j’ai réalisé qu’ici avoir un/une « boy/girl friend » ça n’existe pas.
Tu es marié ou tu l’es pas et si tu l’es pas tu restes chez tes parents comme Tangui.
Ici, comme dans encore énormément de pays, le mariage arrangé est une institution qui ne flanche pas ; pour être exacte, encore aujourd’hui plus de 95% des mariages au Népal sont arrangés.
On est plus ou moins déjà au courant que cela existe encore dans le monde, mais c’est vrai que le voir de près, ça fait tout bizarre.
Le mariage arrangé : c’est un mariage qui n’est pas décidé par les époux, mais par leur famille en général le père et/ou la mère. C’est alors le rôle des parents de trouver leur beau-fils/fille, avec l’accord ou non de leur enfant. C’est en général plus une alliance de famille, que l’alliance de deux personnes.
Ce que dit mon ami, Wiki et ses sources, bien sûre :
Les mariages ont été et peuvent encore être arrangés. Des raisons économiques et politiques entrent sans aucun doute en jeu. Ainsi, au Moyen Âge, le mariage entre fils et fille de deux seigneuries pouvait constituer une alliance qui renforçait le pouvoir des deux familles sur une région, et permettait de préserver un lignage, de transmettre un patrimoine. Par ailleurs, la dot (argent ou terre donnés par le père de la femme à la famille du marié) transformait l’épouse en une précieuse valeur marchande. « Appartenant au père, la femme est monnayable et elle entre toujours dans quelques tractations qui seront utilitaires à son clan, sa famille, son propriétaire ».
On voit déjà la belle situation de la femme au Moyen Age.
Le mariage arrangé était donc essentiel dans : « le lignage » ou fait de garder et préserver le même statut social (castes…) et parfois aussi pour des raisons économiques la « dot ». C’est deux points essentiel sont toujours présent aujourd’hui au XXIeme siècle. Si, si.
Cette pratique reste très présente encore aujourd’hui en Asie, au Moyen Orient, en Afrique… mais pas que. De nombreux mariages arrangés et/ou forcés se produisent en Europe et partout dans les pays dit « émergents ».
Le mariage arrangé n’est pas un acte puni par la loi.
Effectivement, il ne faut pas confondre le mariage arrangé avec le mariage forcé, oh non !
Même si j’avoue que la nuance entre les deux est trouble. Non?
Mais arrêtons un peu de dramatiser, parce que c’est vrai, au début quand les filles népalaises me disaient : « si, si, j’attends que mes parents me trouvent un mari », j’étais un peu sous le choc et j’imaginais leurs parents en train de les soumettre à des lobotomies chaque soir.
Puis, quand pour la dixième fois, une jeune femme de mon âge m’a dit avec un sourire majestueux et irréfutable : " J’attends que mes parents choisissent l’homme de ma vie ». C’est là que j’ai commencé à « bugger » et que j’ai voulu comprendre un peu plus le fonctionnement de cette tradition.
Du coup, j’ai réussi à en apprendre un peu plus, pour ça, il faut que je vous raconte :
Lors d’une randonnée magnifique dans le Lang Tang, j’ai eu la chance de discuter pour la première fois avec une Népalaise à propos du mariage.
De premier abord, c’est une belle femme, un peu trop maquillée pour aller randonner, elle rigole beaucoup aux blagues des autres, mais parle peu. Elle est grande et brune, plutôt eurasienne.
Elle a 25 ans et vit chez ses parents. Elle travaille pour une ONG.
C’est autour d’un dal bat (plat typique népalais), un soir, qu’à table, nous engageons la conversation sur les relations et le mariage.
Je suis curieuse de savoir ce que cette Népalaise en pense.
Elle m'explique qu’ici au Népal, 95% des mariages sont arrangés par la famille, les parents normalement. (Jusque là, rien de nouveau. )
Le conjoint choisi doit par OBLIGATION appartenir à la même caste que la leur. Sinon, l’union ne pourra aboutir et serait même proscrit par la famille, menant certains couples à l’exil.
Nous expliquant cela, elle semble complètement en accord avec cette pratique, moi sur le coup c’est vrai que ça me trouble.
Je lui demande en quoi la caste est une caractéristique du couple importante à ses yeux. Elle explique que chaque caste à sa culture et des pratiques religieuses bien distinctes. Elle dit accepter le mariage arrangé et même ne jurer que par cette pratique qui pour elle est la seule qui peut amener au vrai amour. Elle ne pourrait pas tomber amoureuse de quelqu’un d’une autre caste, dit-elle, il serait trop différent et ce n’est même pas envisageable pour elle.
Elle raconte que dans sa famille, tous ses frères et sœurs ont été mariés par ses parents et qu’ils sont tous heureux et épanouis dans leur couple. Je suis un peu perplexe. Je lui demande alors comment peut-elle être sure que ses parents vont savoir qui choisir pour elle.
Elle explique que seuls eux sont capables de faire ce choix, qu’elle-même ne pourrait le faire et qu’elle sait pertinemment qu’ils trouveront le bon, l’homme de sa vie.
Elle nous dit même que pour elle, c’est un avantage de devoir suivre le choix de ses parents, elle les laisse faire le travail le plus dur et se laissera ensuite entraîner dans l’amour. C’est aussi un moyen de leur faire porter le fardeau, c’est à EUX de lui trouver un mari, pas à elle…
Malin...
Dans le mariage arrangé, les familles font rencontrer leurs enfants de sexe opposé (bien évidemment, ne sautons pas les étapes), ils vont chacun l’un chez l’autre, apprennent à se connaitre et finissent par découvrir l'autre et tomber amoureux, explique-t-elle.
L’amour autrement n’existe pas affirme-t-elle alors.
Je lui demande si elle croit au coup de foudre ou même si elle regarde autour d’elle les hommes qu’elle rencontre.
Elle dit ne pas être intéressée par les garçons qu’elle voit, ni qu’elle rencontre.
Elle croit au coup de foudre, mais seulement quand c’est ce fameux acteur qu’elle croise... à la télé…..
C’est à ce moment-là que je réalise que toutes mes croyances ne semblent pas celles de tout le monde ( aaaaaah bon?) et je me questionne :
On se rencontre pour arranger tout le monde et hop on s’aime ? Quelle est la logique ?
Comment l’amour pourrait-il avoir de logique d’ailleurs ?
Je croyais que l’amour c’était ce truc incontrôlable et fou que tout le monde cherche toujours, pas vous ?
Le mariage arrangé arrangerait alors toujours tout le monde ? Quel monde merveilleux, non?
On contrôlerait alors toujours ses envies et ses désirs ?
Et l’amour serait réduit au choix d’un autre ? Quel triste destin, non ?
C’est pourtant la coutume ici : une institution même et personne n’ose broncher ou presque.
Les filles comme les garçons sont pour la plupart vierges jusqu’au mariage.
La contraception se résume à… l’abstinence. Ça c’est moi qui l’ai compris :)
Les relations sans engagement ne sont pas acceptées.
Il faut être pur pour le mariage.
Certains se laissent tenter, mais cela reste tabou et forcément caché de tous.
Ne soyez pas choqué, dans le 16ème arrondissement à Paris, dans les grandes familles catholiques, ce genre de chose reste bien d’actualité.
Et les mariages arrangés quoique dissimulés se représentent bien dans tous ces rallyes et autres fêtes organisées par "la haute".
Le divorce dit-elle est accepté et la personne peut se remarier ensuite sans problème (j'en doute, forcément).
Je lui demande si la relation avec la personne qu’elle aura choisi ne lui convient pas : comment fera-t-elle ?
Elle n’envisage pas ce cas, elle est persuadée que ce sera l’amour fou.
Quelle virtuose… (Excusez-moi mais quand même…)
Bon, malgré la description faite sur ce que pensait cette fille sur le mariage, je ne fais donc aucune généralité par rapport à ce témoignage, j’en ai eu des dizaines d’autres, tout aussi intéressants, qui m’ont permis de comprendre que malgré la pénibilité de respecter un cadre donné, certains voyait dans cette tradition aussi, leur identité, leur patrimoine.
Pour chacun l’histoire est vécue différemment : Certains n’expérimentant pas le grand amour tant attendu, esquivent leur femme, d’autres se plient à la logique du couple et y trouvent leur intérêt, d’autres, plus foufou, tentent des choses un peu plus dangereuses…
J’imagine que les choses sont perçues différemment de l’intérieur et qu’il faut savoir se contenter de ce que l’on a et même y trouver des avantages quand c’est possible.
C’est apparemment ce qui se passe dans beaucoup de cas notamment pour cette jeune fille.
Le seul hic c’est que dès que je l’ai positionnée face à un doute sur l’amour, les relations ou même sur le fonctionnement de la tradition, je l’ai sentie faillir, comme si le doute menait à une insécurité extrême qu’elle n’osait même pas percevoir.
Cette fille-là, ne m'a pas demandé comment cela fonctionnait chez nous… Comme si la différence ne l'intéressait pas ou plutôt lui faisait peur.
On notera quand même que la frustration des hommes, mais aussi des femmes vis à vis des besoins naturels de se faire plaisir à deux (et non de se reproduire) est donc conséquente. Et provoque ainsi viols, violences, maltraitances…
A noter que la première cause de décès des femmes en âge de reproduction au Népal est… le suicide.
Mais passons, on s’attaquera à ce débat plus tard.
La petite réflexion :
Ce qui est étonnant tout de même, c’est qu’ici, il semble que certains se battent vraiment pour que leur couple perdure, pas comme dans notre contrée ou on divorce pour un rien et on change de mec comme de paire de chaussettes !! (C’est qu’elles sentent mauvais si vite de nos jours avec les changements climatiques…).
C’est vrai ça nan? D’un côté, (plutôt vers la partie sud) il y a ce monde qui, soumis à des mariages arrangés et à la tradition, essaye de tout son cœur que l’amour règne et que la paix persiste dans le couple et la famille (chacun à sa façon bien sûr), alors que cet autre monde, le nôtre, on opte plus pour « la relation, c’est une option » et si elle est « sport » tant mieux et si elle ne nous convient pas, tant pis !
Belle contradiction, vous ne trouvez pas ?
C’est comme si notre société individualiste faisait de l’insatisfaction notre valeur principale et qu’il était plus simple pour nous, de jeter bien vite à la poubelle les vases cassés plutôt que de se casser la tête à les recoller soigneusement pour construire quelque chose de vrai…
Bref. A méditer. Ça, c’était juste pour vous dire que vous êtes pas mieux qu’eux.
Bon et rassurez-vous, la jeunesse népalaise tend à s’émanciper et à changer les mœurs (oui quand même).
J’en ai rencontré (fille et garçon, plus les garçons néanmoins) qui malgré la tradition familiale, espéraient bien choisir par eux-mêmes leur conjoint et parfois même n’appartenant pas aux mêmes castes. Incroyable mais pas évident de lutter contre des croyances et des valeurs, plus qu’ancrées dans la société.
En Chine, par exemple, la tradition tend à se perdre de plus en plus depuis 20 ans.
YIIIIHA.
En Inde, comme au Népal, c’est pas encore ça. Mais avec la mondialisation, peut-être qu’ils arrêteront leur addiction aux Bollywood.
En Afrique et au Moyen Orient, c’est pas non plus encore ça, mais croisons les doigts, des fois que…
Bon donc sinon, comment survivre à un mariage arrangé ?
Ben… il ne faut pas survivre apparemment, faut plutôt le VIVRE et A FOND ! Pleins d’amour et joie !
Apparemment, y’en a pour qui ça marche plutôt bien.
Et pour ceux à qui ça conviendrait pas ? J’entends bien qu'il doit y en avoir quelques-uns.
CASSEZ-VOUS DE Là ! :)
Ce qui est étonnant tout de même, c’est qu’ici, il semble que certains se battent vraiment pour que leur couple perdure, pas comme dans notre contrée ou on divorce pour un rien et on change de mec comme de paire de chaussettes !! (C’est qu’elles sentent mauvais si vite de nos jours avec les changements climatiques…).
C’est vrai ça nan? D’un côté, (plutôt vers la partie sud) il y a ce monde qui, soumis à des mariages arrangés et à la tradition, essaye de tout son cœur que l’amour règne et que la paix persiste dans le couple et la famille (chacun à sa façon bien sûr), alors que cet autre monde, le nôtre, on opte plus pour « la relation, c’est une option » et si elle est « sport » tant mieux et si elle ne nous convient pas, tant pis !
Belle contradiction, vous ne trouvez pas ?
C’est comme si notre société individualiste faisait de l’insatisfaction notre valeur principale et qu’il était plus simple pour nous, de jeter bien vite à la poubelle les vases cassés plutôt que de se casser la tête à les recoller soigneusement pour construire quelque chose de vrai…
Bref. A méditer. Ça, c’était juste pour vous dire que vous êtes pas mieux qu’eux.
Bon et rassurez-vous, la jeunesse népalaise tend à s’émanciper et à changer les mœurs (oui quand même).
J’en ai rencontré (fille et garçon, plus les garçons néanmoins) qui malgré la tradition familiale, espéraient bien choisir par eux-mêmes leur conjoint et parfois même n’appartenant pas aux mêmes castes. Incroyable mais pas évident de lutter contre des croyances et des valeurs, plus qu’ancrées dans la société.
En Chine, par exemple, la tradition tend à se perdre de plus en plus depuis 20 ans.
YIIIIHA.
En Inde, comme au Népal, c’est pas encore ça. Mais avec la mondialisation, peut-être qu’ils arrêteront leur addiction aux Bollywood.
En Afrique et au Moyen Orient, c’est pas non plus encore ça, mais croisons les doigts, des fois que…
Bon donc sinon, comment survivre à un mariage arrangé ?
Ben… il ne faut pas survivre apparemment, faut plutôt le VIVRE et A FOND ! Pleins d’amour et joie !
Apparemment, y’en a pour qui ça marche plutôt bien.
Et pour ceux à qui ça conviendrait pas ? J’entends bien qu'il doit y en avoir quelques-uns.
CASSEZ-VOUS DE Là ! :)