Au Bord Du Monde : Ne Pas Faire Partie Des Meubles
On peut penser que certains films sont d'utilité publique. Si
cela est vrai, alors Au bord du monde, le très touchant documentaire du
grenoblois Claus Drexel, l'est sans aucun
doute.
Le réalisateur, pour faire son film, est parti de ce constat: le nombre de sans-abri dans les rues est une réalité qui n'est sensée échapper à aucun piéton, pourtant la majorité des gens agît en ignorant ces personnes à l'abandon.
De là, Claus Drexel développe son dispositif : aller à la rencontre des sans-abris, la nuit, alors que les rues et les places de Paris sont désertes, pour les interroger. Il se tient derrière la caméra et leur pose des questions sur leurs conditions de vie, leur histoire, leurs occupations ou leur point de vue. La caméra est systématiquement à leur niveau (ce qui entraîne d'ailleurs du comique durant une scène dans les couloirs du RER avec un clochard à la bougeotte) et il se sert d'un grand angle qui permet de filmer à la fois la personne et l'endroit dans lequel il a élu domicile.
Plutôt que de s'inscrire dans le reportage, avec l'intention de filmer au plus près des évènements, Drexel file tout au long de son film l'image poétique d'une ville fantôme où les rôles se renversent. Les sans-abri sont visibles devant la caméra tandis que les citadins sont cachés derrières les fenêtres noires de leurs appartements ou les pare-brises de leurs voitures. Une bande-son légère enveloppe le film d'une sorte de rêverie citadine à la fois fascinante et angoissante.
Le réalisateur, pour faire son film, est parti de ce constat: le nombre de sans-abri dans les rues est une réalité qui n'est sensée échapper à aucun piéton, pourtant la majorité des gens agît en ignorant ces personnes à l'abandon.
De là, Claus Drexel développe son dispositif : aller à la rencontre des sans-abris, la nuit, alors que les rues et les places de Paris sont désertes, pour les interroger. Il se tient derrière la caméra et leur pose des questions sur leurs conditions de vie, leur histoire, leurs occupations ou leur point de vue. La caméra est systématiquement à leur niveau (ce qui entraîne d'ailleurs du comique durant une scène dans les couloirs du RER avec un clochard à la bougeotte) et il se sert d'un grand angle qui permet de filmer à la fois la personne et l'endroit dans lequel il a élu domicile.
Plutôt que de s'inscrire dans le reportage, avec l'intention de filmer au plus près des évènements, Drexel file tout au long de son film l'image poétique d'une ville fantôme où les rôles se renversent. Les sans-abri sont visibles devant la caméra tandis que les citadins sont cachés derrières les fenêtres noires de leurs appartements ou les pare-brises de leurs voitures. Une bande-son légère enveloppe le film d'une sorte de rêverie citadine à la fois fascinante et angoissante.
Les
témoignages, au cœur du film, sont saisissants. Tour à tour drôles, émouvantes,
résignées, combatives, philosophes ou paumées, les paroles des S.D.F résonnent avec
une pertinence mordante et une évidence qui désarme tout possibilité de
cynisme. On se rend à la fois compte de leur misère mais aussi de leur courage
et de leur conviction. Il est marquant de sentir le poids de leur paroles, qui
partent au compte-gouttes, et la façon dont la plupart replongent immédiatement dans
un lourd silence, comme rappelé par les abimes de la solitude. Le sentiment d'exclusion, parfois énoncé par les intéressés, est palpable (et judicieusement représenté durant les dernières images du film, mise au ralenti, où tout bouge autour des SDF tandis que leur silhouette reste, elle, immobile).
La
mise en scène de Drexel est rigoureuse et permet, en filmant les mêmes plans à
différents moment de l'année, de nous faire comprendre que ces gens vivent de
façon omniprésente dans des conditions tout sauf souhaitables. L'image du film traduit authentiquement l'ambiance nocturne sépia de Paris illuminée de ses lampadaires. La ville dort, insouciante,
sur une planète qui continuera inlassablement de tourner. Le format d'image
très large renforce aussi la proximité que l'on sent avec les personnes interrogées tout en leur conférent une véritable présence.
Je conseille fortement d'aller voir ce film, qui passe dans
quelques cinéma à Paris par exemple, mais de façon assez irrégulière malheureusement. Si l'occasion se
présente, n'hésite pas, car Au bord du monde est un beau film qui sensibilise
à un problème juste en bas de notre porte de la plus -si l'on ne peut dire belle, du
moins honnête- des manières.
Alors si tu aimes pouvoir entendre ceux à qui on ne donne normalement pas la parole et que tu penses que l'humanité est une valeur trop souvent oubliée...regarde Au bord du monde (que tout le monde devrait voir au final).
Alors si tu aimes pouvoir entendre ceux à qui on ne donne normalement pas la parole et que tu penses que l'humanité est une valeur trop souvent oubliée...regarde Au bord du monde (que tout le monde devrait voir au final).
Au bord du monde, Claus Drexel (2015)
Monnki
Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.