Birdman (ou la surprenante vertu de l'ignorance) : Être ou ne pas être intellectuel
Auréolé d'une tripoté d'oscars (meilleur film, meilleur réal, meilleur scénario et meilleur photographie...quand même), Birdman paraît, malgré sa jolie palette d'acteur et sa technique parfaitement maîtrisée, un film presque aussi fébrile que son personnage principal, acteur en mal de reconnaissance qui tente de gagner sa crédibilité en montant une pièce à Broadway. En effet, le réalisateur mexicain Inarritu s’ingénie à donner un caractère intellectuel à ce qui est finalement un exercice de style qu'on apprécie plus pour ses apparences que pour son fond.
Un peu comme Vincent n'a pas d'écailles, le précédent film chroniqué ici, Birdman joue la carte du film de super héro qui n'en n'ait pas un. On peut presque y voir un rapport de symétrie : dans un cas on avait un film qui prenait la forme d'un film de super héro mais en jouant la partition sur un mode mineur et économe. Birdman serait, à l'inverse, un film qui se sert du clinquant et de la force technique de ce genre de film mais en racontant une histoire tout autre.
Birdman est un super héro fictif et le premier grand rôle de Riggan Thomson. L'acteur, sur le retour depuis les innombrables suites de la franchise, est en proie à une crise de la cinquantaine schizophrénique et existentielle. Il se lance dans l'adaptation d'une pièce de théâtre un brin intello sur la scène de Broadway. Mais la mise en place de la pièce est loin d'être de tous repos, entre acteurs à l'égo surdimensionné, budget rikiki, conflit de couple et critiques prêts à la démolir. Thomson tente tant bien que mal de naviguer entre les récifs à la recherche d'une seconde chance, nostalgique de sa naïveté perdue de jeune premier (la fameuse vertu de l'ignorance). Le plus gros des obstacles à sa réussite ne se trouve-t-il pas finalement en lui-même?
Le film joue en partie sur une mise en abyme juteuse qu'on a déjà pu voir dans un classique comme Opening night de John Cassavetes ou plus récemment dans La vénus à la fourrure de Roman Polanski: mettre en scène une mise en scène. L'intérêt de cette mise en abyme est de faire perdre pied le spectateur et de lui faire ressentir indirectement le syndrome de l'acteur : quelle est la limite entre le personnage qu'on incarne et notre propre personnalité ? Dans ce cas fiction et réalité se mélange au point qu'on ne sait plus si les moments de crise sur scène sont feints ou vraiment vécus.
Un peu comme Vincent n'a pas d'écailles, le précédent film chroniqué ici, Birdman joue la carte du film de super héro qui n'en n'ait pas un. On peut presque y voir un rapport de symétrie : dans un cas on avait un film qui prenait la forme d'un film de super héro mais en jouant la partition sur un mode mineur et économe. Birdman serait, à l'inverse, un film qui se sert du clinquant et de la force technique de ce genre de film mais en racontant une histoire tout autre.
Birdman est un super héro fictif et le premier grand rôle de Riggan Thomson. L'acteur, sur le retour depuis les innombrables suites de la franchise, est en proie à une crise de la cinquantaine schizophrénique et existentielle. Il se lance dans l'adaptation d'une pièce de théâtre un brin intello sur la scène de Broadway. Mais la mise en place de la pièce est loin d'être de tous repos, entre acteurs à l'égo surdimensionné, budget rikiki, conflit de couple et critiques prêts à la démolir. Thomson tente tant bien que mal de naviguer entre les récifs à la recherche d'une seconde chance, nostalgique de sa naïveté perdue de jeune premier (la fameuse vertu de l'ignorance). Le plus gros des obstacles à sa réussite ne se trouve-t-il pas finalement en lui-même?
Le film joue en partie sur une mise en abyme juteuse qu'on a déjà pu voir dans un classique comme Opening night de John Cassavetes ou plus récemment dans La vénus à la fourrure de Roman Polanski: mettre en scène une mise en scène. L'intérêt de cette mise en abyme est de faire perdre pied le spectateur et de lui faire ressentir indirectement le syndrome de l'acteur : quelle est la limite entre le personnage qu'on incarne et notre propre personnalité ? Dans ce cas fiction et réalité se mélange au point qu'on ne sait plus si les moments de crise sur scène sont feints ou vraiment vécus.
Birdman apporte du neuf à ce jeu trouble des apparences en évoquant ce qu'a pu faire Gaspard Noé avec Enter the void. Nous voyons tous le film à travers un point de vue subjectif et omniscient qui ne s'arrête jamais de regarder. Cela veut dire que tout le film est en plan séquence, sans aucune coupure visible. Ce procédé est reconnu comme étant le plus difficile à mettre en place techniquement et permet souvent de montrer la maîtrise de ses auteurs. Effectivement, ça en jette. Le film arrive à trouver un vrai équilibre visuel et une science du rythme dans le plan parfaits, ce qui fait ressortir le plaisir visible et communicatif des comédiens à donner leurs répliques souvent très drôles et pleines d'autodérision. Birdman est un film vif et très amusant, qui arrive à nous attacher à ses personnages tous en proie à leur propres démons des planches.
Pourtant, malgré ce brio technique indéniable et ces numéros d'acteurs jouissifs, le film paraît creux en comparaison de certaines de ces références (car Birdman est un film conscient de lui-même qui se plaît dans la citation et le raffinement, comme les clin d'oeil à Godard ou une bande-son chic qui passe Ravel et Tchaïkovski en plus d'une composition originale faite de percussion très..percutante).
Le choix du plan séquence n'est pas complètement cohérent avec le fait de pénétrer dans l'esprit torturé de Thomson. On a bien l'impression qu'un esprit (peut-être le birdman?) parcourt les allées sombres du théâtre, mais si cette esprit symbolise l'imagination de Thomson en ce cas comment se fait-il que la caméra puisse nous montrer des choses qu'il n'est pas censé voir ou imaginer? En fin de compte le plan séquence au lieu d'aller au dedans des personnages empêche de sentir vraiment la tension et les enjeux qui remuent leurs entrailles. L'impression générale du film en prend un coup et, il faut se faire une raison, la mise en scène n'atteindra pas le cœur de ce dont elle s'approche : le doute de l'acteur et le génie fiévreux de l'interprétation qui peut les conduire à la folie.
Pourtant, malgré ce brio technique indéniable et ces numéros d'acteurs jouissifs, le film paraît creux en comparaison de certaines de ces références (car Birdman est un film conscient de lui-même qui se plaît dans la citation et le raffinement, comme les clin d'oeil à Godard ou une bande-son chic qui passe Ravel et Tchaïkovski en plus d'une composition originale faite de percussion très..percutante).
Le choix du plan séquence n'est pas complètement cohérent avec le fait de pénétrer dans l'esprit torturé de Thomson. On a bien l'impression qu'un esprit (peut-être le birdman?) parcourt les allées sombres du théâtre, mais si cette esprit symbolise l'imagination de Thomson en ce cas comment se fait-il que la caméra puisse nous montrer des choses qu'il n'est pas censé voir ou imaginer? En fin de compte le plan séquence au lieu d'aller au dedans des personnages empêche de sentir vraiment la tension et les enjeux qui remuent leurs entrailles. L'impression générale du film en prend un coup et, il faut se faire une raison, la mise en scène n'atteindra pas le cœur de ce dont elle s'approche : le doute de l'acteur et le génie fiévreux de l'interprétation qui peut les conduire à la folie.
Finalement le film choisit de se concentrer sur un problème plus superficiel, qui ronge Thomson et que le long métrage fait peu à peu sien : faire ou ne pas faire du commercial, telle est la question. Cette pensée, un peu trop dichotomique, envahit trop le film à partir de sa deuxième moitié, une fois les personnages et le principe de mise en scène compris. Malgré l'interprétation de Michael Keaton qui rappelle à quel point il est capable de mélanger le cool et le ringard en même temps, on commence à se lasser de cette interrogation persistante et un peu stérile.
Birdman (ou la surprenante vertu de l'ignorance) semble pris entre une maitrise formelle explosive et une sorte de condescendance dans le fond légèrement orgueilleuse, que faisait déjà pré sentir le deuxième titre du film, plutôt superflu et pas très bien relié à ce que le film montre vraiment au final.
Malgré tout, si tu aimes...les très bons numéros d'acteur, les prouesses techniques, débattre sur ce qu'est vraiment l'amour...fonce voir Birdman, un film qui compte voler dans les plumes du cinéma hollywoodien !
Birdman (ou la surprenante vertu de l'ignorance) semble pris entre une maitrise formelle explosive et une sorte de condescendance dans le fond légèrement orgueilleuse, que faisait déjà pré sentir le deuxième titre du film, plutôt superflu et pas très bien relié à ce que le film montre vraiment au final.
Malgré tout, si tu aimes...les très bons numéros d'acteur, les prouesses techniques, débattre sur ce qu'est vraiment l'amour...fonce voir Birdman, un film qui compte voler dans les plumes du cinéma hollywoodien !
Birdman (ou la surprenante vertu de l'ignorance), Alejandro Gonzalez Inarritu (2015)
Monnki
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