COMMENT SURVIVRE À UNE GROSSE TEHON ?
Oh putain la boulette. Cette fois ça y est, ta vie est bel et bien finie : tu viens de commettre un acte irréparable qui va t’entraîner dans les tréfonds douloureux de la honte, et tu n’en ressortiras JAMAIS. Laisse-moi deviner. Tu as lourdement écrasé le pied de ton nouveau chef en voulant lui serrer la main avec un peu trop d’enthousiasme. Non, je sais : tu as postillonné très fort au visage de la connaissance avec qui tu deviendrais volontiers plus intime - pour le coup c’est gagné ceci dit. Ou non, j’ai encore mieux : tu as ouvert la porte des toilettes de ta fac et HORREUR, elles étaient occupées par ton directeur de mémoire avec qui tu as justement rendez-vous dans cinq minutes. Ouch.
Je compatis mon poulet, je compatis. Je ne compte plus le nombre de hontes du genre qui me sont arrivées au cours de ma vie. A quatorze ans, j’avais même fait une compilation de mes hontes les plus rigolotes sur mon Skyblog afin de faire rire mon lectorat (je suis l’altruisme) : des histoires de fringues ringardes, d’incidents de morve et de garçons pré-pubères. Je suis donc bien placée pour savoir à quel point, dans ces moments-là, ton plus grand souhait au monde est de disparaître sous ta couette dans l’instant et d’y demeurer pour le restant de ta vie.Or, tu vas devoir rester digne et affronter ce monde cruel dont les yeux sont braqués sur toi. Bon, t’es prêt-e ? Allez, on sort de sous la couette.
(Oh, et en ce qui concerne l’adresse du Skyblog, la réponse est : MÊME PAS EN RÊVE).
Je compatis mon poulet, je compatis. Je ne compte plus le nombre de hontes du genre qui me sont arrivées au cours de ma vie. A quatorze ans, j’avais même fait une compilation de mes hontes les plus rigolotes sur mon Skyblog afin de faire rire mon lectorat (je suis l’altruisme) : des histoires de fringues ringardes, d’incidents de morve et de garçons pré-pubères. Je suis donc bien placée pour savoir à quel point, dans ces moments-là, ton plus grand souhait au monde est de disparaître sous ta couette dans l’instant et d’y demeurer pour le restant de ta vie.Or, tu vas devoir rester digne et affronter ce monde cruel dont les yeux sont braqués sur toi. Bon, t’es prêt-e ? Allez, on sort de sous la couette.
(Oh, et en ce qui concerne l’adresse du Skyblog, la réponse est : MÊME PAS EN RÊVE).
Moi quand je réalise que je viens d'envoyer le texto où je critique copieusement Gertrude... à Gertrude.
DÉSACRALISE TON PUBLIC
Tu connais bien sûr l’astuce selon laquelle, quand tu te sens intimidé ou ridicule face à quelqu’un, il faut l’imaginer aux toilettes pour le rendre moins impressionnant. Si tu n’es pas du genre à rougir illico presto face à ce genre de pensée gênante, ça peut être efficace, cependant j’ai remarqué qu’il n’y a souvent même pas besoin de ça. Savoir que les autres aussi font des boulettes à longueur de journée, ça aide à mieux digérer ses petites hontes à soi, et pour ça, un peu d’observation suffit amplement. Au boulot, quand je suis désespérée d’avoir fait dix mille gaffes sous les yeux de mes collègues expérimentés, je suis vite rassurée de voir l’un d’entre eux se prendre un gros vent en disant bonjour à quelqu’un, et un autre éclabousser généreusement son pull de sauce tomate pendant le déjeuner. Pas parce que je suis une petite sadique qui se nourrit du malheur des autres (ok, parfois un peu) mais ça rééquilibre les choses dans ma tête, un peu comme si un match de la honte y avait lieu. Tu m’as vue faire cette connerie, je t’ai vu faire ce truc débile ; ok c’est bon, on oublie.
Autre chose : souvent, j’ai l’impression que tous les yeux sont braqués sur moi et que la moindre bêtise que je fais restera marquée au fer rouge sur mon front. Alors que souvent, quand je fais l’effort de me mettre à la place de la personne qui était avec moi à l’instant maudit, je me rends compte qu’il y a en fait de grandes chances qu’elle n’ait même pas remarqué la gaffe pour laquelle je me flagelle encore mentalement. Alors pour le coup du directeur de mémoire dans les toilettes, il est possible qu’il s’en soit un peu aperçu, je te l’accorde. Mais sinon, assez souvent, les gens ne voient même pas que tu viens de faire devant eux ce qui est pour toi la bourde du siècle.
Autre chose : souvent, j’ai l’impression que tous les yeux sont braqués sur moi et que la moindre bêtise que je fais restera marquée au fer rouge sur mon front. Alors que souvent, quand je fais l’effort de me mettre à la place de la personne qui était avec moi à l’instant maudit, je me rends compte qu’il y a en fait de grandes chances qu’elle n’ait même pas remarqué la gaffe pour laquelle je me flagelle encore mentalement. Alors pour le coup du directeur de mémoire dans les toilettes, il est possible qu’il s’en soit un peu aperçu, je te l’accorde. Mais sinon, assez souvent, les gens ne voient même pas que tu viens de faire devant eux ce qui est pour toi la bourde du siècle.
Ou alors ils ont au moins la délicatesse de faire semblant.
NOTHING HAPPENED
Et bim, on ne change pas une équipe qui gagne : la phrase la plus débile de l’univers vient de sortir de ta bouche, et pas devant ton chat non, ça serait trop simple, mais devant l’employeur qui t’a pris une journée à l’essai - autrement dit la personne qui détient ni plus ni moins que TA VIE entre ses mains.
Et c’est à ce moment précis, alors que tu sens le couperet cuisant de la honte s’abattre sur ton petit être, qu’il va falloir être habile. En faisant juste comme si l’énormité que tu viens de prononcer n’était rien d’autre qu’un commentaire tout ce qu’il y a de plus quelconque à propos de la météo. Ne laisse pas à ton interlocuteur le temps d’imprimer ce que tu viens de dire ou de faire et enchaîne sur autre chose, comme si ta phrase malheureuse n’avait jamais vu le jour, comme si tu étais la personne la plus distinguée et à l’aise dans ses pompes de l’univers, à la frontière entre « ce que tu as cru voir ou entendre n’était qu’une illusion » et « je suis trop une personne spontanée, j’suis comme ça moi YOLO ».
Cette technique d’auto-persuasion demande certes un peu d’entraînement, mais je te jure que ça finit par payer. Comme si c’était toi qui passait un message à tes joues sur le mode « hé vous, c’est même pas la peine de rougir, la honte ne tue pas et d’ailleurs j’ai même pas honte ».
Et c’est à ce moment précis, alors que tu sens le couperet cuisant de la honte s’abattre sur ton petit être, qu’il va falloir être habile. En faisant juste comme si l’énormité que tu viens de prononcer n’était rien d’autre qu’un commentaire tout ce qu’il y a de plus quelconque à propos de la météo. Ne laisse pas à ton interlocuteur le temps d’imprimer ce que tu viens de dire ou de faire et enchaîne sur autre chose, comme si ta phrase malheureuse n’avait jamais vu le jour, comme si tu étais la personne la plus distinguée et à l’aise dans ses pompes de l’univers, à la frontière entre « ce que tu as cru voir ou entendre n’était qu’une illusion » et « je suis trop une personne spontanée, j’suis comme ça moi YOLO ».
Cette technique d’auto-persuasion demande certes un peu d’entraînement, mais je te jure que ça finit par payer. Comme si c’était toi qui passait un message à tes joues sur le mode « hé vous, c’est même pas la peine de rougir, la honte ne tue pas et d’ailleurs j’ai même pas honte ».
Ce qui ne t’empêchera pas, une fois seul-e chez toi, de te fouetter consciencieusement en répétant NE FAIS PLUS JAMAIS CA NE FAIS PLUS JAMAIS CA NE FAIS PLUS JAMAIS CA. Il n’y a pas si longtemps, je me le répétais à la fin d’environ chaque journée de taf, chaque fois pour un motif différent. Et ça m’arrive encore bien trop souvent.
OUBLIE, OU RÉFLÉCHIS
Personnellement, il y a des hontes que j’ai décidé de ne jamais oublier. Comme la fois où je ne suis pas allée voter parce que j’avais « d’autres choses en tête » et que le résultat des élections m’est arrivé comme une claque dans la gueule, avec ceci de plus sournois qu’il semblait vouloir me dire que cette catastrophe, j’y avais contribué. Ca, c’était vraiment une grande méchante honte qui pardonne pas.
Mais la plupart des hontes qu’on attrape pile devant les personnes qu’il faut pas, en général, c’est quand même l’oubli qui les soigne le mieux. Rien ne sert de vivre au cœur du souvenir douloureux du moment où tu as renversé l’intégralité de ton mug sur tes vêtements devant tous tes collègues, et où tu as dû passer le reste de ta journée comme ça : tu peux le ranger au fin fond de ta mémoire et l’y laisser croupir, tu seras bien mieux sans lui. A moins que tu ne décides au contraire de profiter du seul avantage qu’il peut t’apporter : une fois digérée et bien tournée, ton affligeante aventure te fera une bonne histoire à raconter en soirée, et te fera passer pour une personne sûre d’elle et qui a trop le sens auto-dérision. Trop la classe, en somme.
Mais la plupart des hontes qu’on attrape pile devant les personnes qu’il faut pas, en général, c’est quand même l’oubli qui les soigne le mieux. Rien ne sert de vivre au cœur du souvenir douloureux du moment où tu as renversé l’intégralité de ton mug sur tes vêtements devant tous tes collègues, et où tu as dû passer le reste de ta journée comme ça : tu peux le ranger au fin fond de ta mémoire et l’y laisser croupir, tu seras bien mieux sans lui. A moins que tu ne décides au contraire de profiter du seul avantage qu’il peut t’apporter : une fois digérée et bien tournée, ton affligeante aventure te fera une bonne histoire à raconter en soirée, et te fera passer pour une personne sûre d’elle et qui a trop le sens auto-dérision. Trop la classe, en somme.
Cet homme vient de raconter comment un jour, il s'est croûté en trottinette en roulant sur une tomate écrasée devant 50 témoins. Hé oui !
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