The Smell Of Us : Une Fontaine De Jouvence Frelatée

Le dernier film de Larry Clark est intriguant, pour la
principale raison qu'il a été tourné à Paris avec des jeunes acteurs amateurs
et français. Déjà, l'effort est louable, même si l'exercice n'a pas fait que
des heureux par le passé (suivez mon regard).
Intriguant aussi à en juger par sa bande annonce, qui laisse comprendre que
Larry Clark n'a décidément pas abandonner sa fascination pour les jeunes
garçons et qu'il en rajoute même une couche, ce qui donne du grain à moudre à
ceux qui pensent qu'il n'est qu'un sombre dégueulasse. Pourtant, force est de
constater que le personnage est capable, quand il le veut, d'être un des
metteurs en scène les plus foudroyants de sa "génération".
L'histoire suit le parcours de plusieurs personnages mais de façon assez décousue. Il y a Math et JP, deux gars d'environ 14 ans, qui se prostituent auprès d'hommes pour se faire de l'argent "facilement" et se payer des fringues et de la coke. Guillaume et Minh ont la même idée, mais se font plus une spécialité des vieilles femmes. La journée, ils traînent ensemble avec leur groupe au palais de Tokyo, à faire du skate et fumer des joints, sous le regard de Toff, toujours à filmer leurs méfaits, et de Diane. Cette vie inconsciente et dissolue masque mal un malaise qui n'arrive pas à trouver son nom. Ce n'est sûrement pas les adultes - des parents à la ramasse ou des clients lubriques - qui pourront les aider.
L'histoire suit le parcours de plusieurs personnages mais de façon assez décousue. Il y a Math et JP, deux gars d'environ 14 ans, qui se prostituent auprès d'hommes pour se faire de l'argent "facilement" et se payer des fringues et de la coke. Guillaume et Minh ont la même idée, mais se font plus une spécialité des vieilles femmes. La journée, ils traînent ensemble avec leur groupe au palais de Tokyo, à faire du skate et fumer des joints, sous le regard de Toff, toujours à filmer leurs méfaits, et de Diane. Cette vie inconsciente et dissolue masque mal un malaise qui n'arrive pas à trouver son nom. Ce n'est sûrement pas les adultes - des parents à la ramasse ou des clients lubriques - qui pourront les aider.
En terme de style et dans la filmographie de Larry Clark, on
peut situer The smell of us clairement
du côté de Wassup Rockers, avec un
développement du récit plutôt anarchique où les séquences s'enchainent sans
forcément de lien, surtout pour planter une ambiance et créer une attitude
avant de faire émerger une histoire. De ce fait le film n'est pas spécialement long (une heure et demi) mais est pourtant assez lourd et trainant.
The smell
of us divise. D'un côté il semble pendant un certains temps ne pas aller
bien loin et se délecter vainement de la dévotion un peu effrayante de ses
jeunes acteurs. Par manque de construction, les personnages sont envoyés à la
va vite et certaines répliques paraissent fausses ou ridicules. En fait, le
film semble plus intéressé par ce qu'il a réuni au moment du tournage et qu'il
tente de montrer authentiquement (des jeunes qui sniffent, skatent et baisent),
que par ceux qu'il a réellement à raconter (une histoire finalement assez
classique de déchéance). Le film pourrait être une mise en abyme de la fascination
vampirique de Clark envers ses jeunes modèles. Il joue même plusieurs rôles
dans le film, dont un client lécheur de pied absolument horripilant. Toff, le
jeune filmeur du film, peut être vu comme son alter ego.
Par cette petite mise en abyme, le film arrive à communiquer un trouble certains et
authentique. La richesse suffisante et prétentieuse du milieu artistique
(présent au travers des tableaux des luxueuses chambres de passe, des défilés
arty, des cocktails de vernissage et des appartements décorées) côtoie
l'apparente décrépitude des clodos et des bohèmes, amis des skateurs. Clark
connaît bien ces deux milieux. Le film évoque au final un vide fatal et
dangereux. Un peu comme une espèce de chaine alimentaire perverse, le plus gros
mange le plus petit (les vieux se font les jeunes, l'art -où le marché culturel
qu'il en est fait- se nourrit de la vie). L'odeur de la chair fraîche appâte le
rôdeur. Pourtant, cette chair ne serait-elle pas nourrie d'un énorme
vide où l'on s'emmerde? The smell of us, de par sa forme décousue et ses
intuitions voyeuses, serait une sorte d'Orobouros du vide et de l'angoisse,
dont la jeunesse serait la réponse la plus attrayante et inefficace.
C'est peut-être une interprétation vaseuse du film. A chacun de trouver ce qu'il pense de tout ça.
C'est peut-être une interprétation vaseuse du film. A chacun de trouver ce qu'il pense de tout ça.
Plus concrètement, on peut dire que certains des acteurs
jouent bien, parfois bien mieux que dans la plupart des films français même (je
pense à la scène entre Math et sa mère, sans doute la plus réussie du film). La
conclusion du parcours de JP est aussi un grand moment, et rappelle que
Larry Clark, entre deux tentatives arty, est avant tout ce réalisateur d'une
efficacité extrême lorsqu'il s'agit de mettre en scène la colère adolescente.
Si tu aimes entre autres les pratiques sexuelles
déviantes (éphébophilie et gérontophilie principalement), l'ambiance parisienne
ou rire de l'art contemporain...tu as des chances d'aimer The smell of us.
The smell of us, Larry Clarck (2015)
Monnki