The Tribe : Deaf Side Story
Ce n'est pas parce que tous les personnages de The Tribe sont élèves d'un pensionnat pour sourds qu'on nous servira une histoire d'enfants de chœur assistés. Au contraire, cette "tribu", enfoncée dans ses propres problèmes, n'a personne pour barrer sa marche résolue et chaotique vers la vie, le sexe et la mort.
Myroslav Slaboshpytskiy (pas facile à écrire celui-là), réalisateur ukrainien dont c'est le premier long-métrage, prévient par un carton avant l'ouverture du film : le film est tourné en langue des signes, sans aucun sous-titre. Pour qui ne parle pas le langage des protagonistes, il faut compter sur son sens de l'observation et son intuition. Cela fait du film une expérience inédite pour le spectateur, décidément trop habitué à se servir des conventions culturelles pour comprendre ce qui l'entoure.
Certains objectent que cela ne permet pas de s'identifier aux personnages, qui, eux, peuvent se comprendre. Cela ferait d'eux encore un peu plus des êtres aliénés. Mais ne pas avoir de traduction nous force à avoir un regard neuf sur des choses banales. On est vraiment confronter à un nouveau point de vue, ce qui fait prendre conscience de l'existence d'une multitude de façon d'appréhender le monde dont on ne fait pas l'expérience en temps normal. Finalement ce choix permet de nous impliquer bien plus personnellement dans l'histoire que s'il y avait eu des sous-titres. Le pensionnat devient un nouvel univers, et le monde extérieur un vaste espace à la profondeur impénétrable. Sans être sourds, on ressent par une forme d'analogie un nouveau rapport au monde.
Myroslav Slaboshpytskiy (pas facile à écrire celui-là), réalisateur ukrainien dont c'est le premier long-métrage, prévient par un carton avant l'ouverture du film : le film est tourné en langue des signes, sans aucun sous-titre. Pour qui ne parle pas le langage des protagonistes, il faut compter sur son sens de l'observation et son intuition. Cela fait du film une expérience inédite pour le spectateur, décidément trop habitué à se servir des conventions culturelles pour comprendre ce qui l'entoure.
Certains objectent que cela ne permet pas de s'identifier aux personnages, qui, eux, peuvent se comprendre. Cela ferait d'eux encore un peu plus des êtres aliénés. Mais ne pas avoir de traduction nous force à avoir un regard neuf sur des choses banales. On est vraiment confronter à un nouveau point de vue, ce qui fait prendre conscience de l'existence d'une multitude de façon d'appréhender le monde dont on ne fait pas l'expérience en temps normal. Finalement ce choix permet de nous impliquer bien plus personnellement dans l'histoire que s'il y avait eu des sous-titres. Le pensionnat devient un nouvel univers, et le monde extérieur un vaste espace à la profondeur impénétrable. Sans être sourds, on ressent par une forme d'analogie un nouveau rapport au monde.
Ce n'est pas un hasard si le film s'ouvre sur un arrêt de bus où descend Sergey, le "héro" de l'histoire. Le film est une sorte de pérégrination, menée par une caméra mouvante et libre. L'ensemble est quasi-entièrement construit en plan-séquences (une scène entière filmée en un seul plan) où la caméra effectue des mouvements particulièrement fluides et chorégraphiés (elle ne tremble jamais, même lorsqu'elle monte des marches d'escalier ou descend une pente neigeuse). On reconnaît bien ici le savoir faire technique du cinéma de l'Est.
De façon assez classique, cette caméra nous amène à nous identifier au personnage de Sergey, fraîchement débarqué, qui va devoir gagner sa crédibilité auprès des autres élèves. Il tombe amoureux d'Anna, qui se prostitue sous la tutelle d'un de ses professeurs. Son amour va remettre en cause les plans de chacun.
De façon assez classique, cette caméra nous amène à nous identifier au personnage de Sergey, fraîchement débarqué, qui va devoir gagner sa crédibilité auprès des autres élèves. Il tombe amoureux d'Anna, qui se prostitue sous la tutelle d'un de ses professeurs. Son amour va remettre en cause les plans de chacun.
Sur cette base, le film accumule les scènes chocs, et mets les acteurs, tous de vrai sourds, dans des situations parfois extrêmement pénibles, à tel point que c'est dur de les imaginer consentant. C'est un sacré tour de force, et, autant prévenir, le film va te remuer. C'est d'ailleurs peut-être la limite du projet...beaucoup de fureur (sans le bruit) mais pour quoi au final? Le périple de Sergey se referme sans qu'on ait pu vraiment se sentir investis nous-mêmes. Pourtant le film est suffisamment long. Le caractère très chorégraphié des scènes de foule paraît trop forcé et rappelle que nous sommes face à des comédiens amateurs (on peut y voir un certains charme tout de même). Il est aussi dommage de rester sur une histoire de proxénétisme finalement peu crédible (enfin j'espère !) qui occasionne beaucoup d'allers-retours, là où on aurait aimé plus de personnages et de destins croisés. A chacun de trouver sa réponse dans cette accumulation violence, empreinte d'une énergie vitale foudroyante.
Au final, The tribe est le genre de film dont je veux parler sur ce site. Ceux qui usent de véritables partis-pris cinématographiques pour raconter des histoires peut-être simples ou conceptuelles, mais toujours portées par une vraie idée de cinéma, quitte à tourner le dos à une partie du "grand public". Le film est encore à l'affiche, mais il est rare, alors ouvre grand les yeux!
Si tu aimes...le silence, les règlements de comptes, le théâtre trash "in yer face"...alors va voir The Tribe!
The Tribe, Myroslav Slaboshpytskiy (2014)
Au final, The tribe est le genre de film dont je veux parler sur ce site. Ceux qui usent de véritables partis-pris cinématographiques pour raconter des histoires peut-être simples ou conceptuelles, mais toujours portées par une vraie idée de cinéma, quitte à tourner le dos à une partie du "grand public". Le film est encore à l'affiche, mais il est rare, alors ouvre grand les yeux!
Si tu aimes...le silence, les règlements de comptes, le théâtre trash "in yer face"...alors va voir The Tribe!
The Tribe, Myroslav Slaboshpytskiy (2014)
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