THUNDERCAT - Drunk
BrainFeeder - 2017
Désormais bien connu de la sphère hip-hop, Thundercat, de son vrai nom Stephen Burner, nous revient en ce 24 Février 2017 avec son troisième album solo, « Drunk ». Musicien avant-gardiste et véritable courant d’air frais, Thundercat a su, en quelques années, imposer un style bien à lui et s’ériger comme figure emblématique dans un univers musical en plein renouveau, notamment via ses collaborations avec des titans du genre comme Flying Lotus, Kendrick Lamar ou encore Kamasi Washington. Il devient en quelques années le bassiste préféré des musiciens hip-hop les plus en vogue et pour cause, une authenticité défiant les lois de la gravité et une absolue liberté. Personnage loufoque à l’extravagance anormalement épique qu’on croirait sorti tout droit d’un dessin animé ou d’un jeu vidéo des années 90, notre bassiste métamorphe puise sa vitalité musicale dans le jazz et d’un coup de rayon laser réinvente le tout en une espèce de soul/hip-hop cosmique au groove disloqué.
Après une mélodie à la grâce sublime en guise d’intro qui permet une immersion immédiate dans l’univers nébuleux de ce troisième disque, le titre « Captain Stupido » nous renvoie à ce qu’on a toujours aimé chez notre Mega Man à savoir une basse à la sonorité bien grasse, une harmonie qui nous prend à contrepied et une rythmique dégingandée signée Flying Lotus; du coup on se dit que ça s’annonce bien, très bien même. Ce qui surprend à l’écoute de chacun de ses projets et « Drunk » en est la preuve immédiate, c’est cette espèce de fausse maladresse, aussi bien dans les sonorités que dans le ton, marqué par un humour geek complètement déconnecté. Avec cet album, Thundercat continue d’explorer des voies qu’il a commencées à arpenter depuis « The Golden Age of Apocalypse », des mélodies ambitieuses pour ne pas dire complètement folles résonnant comme des échos dans l’espace, apposées sur des beats electro poussiéreux type 8-bit, le tout offrant un souffle aérien d’une mélancolie abyssale. Ce qui rend alors sa musique aussi touchante, c’est cette apparente simplicité, ce côté bricolage et cet aspect désuet qui fait de lui le plus à la mode des gars rétro, la preuve avec « Bus In These Streets » ou encore « Jameel’s Space Ride ». On imaginerait presque un savant fou, cheveux en bataille, au milieu d’un fourbi, tapotant de ses gros doigts sur une vielle MPC, un chat à moitié allongé dessus. Détourner ainsi le jazz et lui permettre de s’exprimer de cette manière ne peut que pousser à l’admiration. Autant de nonchalance et un jeu de contrastes si audacieux en est presque enrageant. Thundercat, ça sent vraiment le gars pour qui c’est facile en plus. Finalement, une basse (à 6 cordes certes), quelques sons de synthés et un beat électro fait maison et le tour est joué. Pas la peine non plus de parler de son jeu de basse à la technicité folle, ce qui nous vaut deux trois rappels à l’ordre avec notamment « Uh Uh » dans laquelle il se permet quelques excentricités histoire de remettre les choses au clair, et oui c’est un jazzman avant tout, point sur lequel il insiste souvent lui-même, définissant d’ailleurs sa musique comme Jazz et rien d’autre. Ce qu’il y a de plaisant également sur chacun de ses disques, c’est cet espace laissé volontairement pour permette aux lives de s’apparenter à de vrais concerts de jazz/fusion et donc de surprendre son public en proposant une musique plus organique. En ce sens, la formule n’a pas changé.
Après une mélodie à la grâce sublime en guise d’intro qui permet une immersion immédiate dans l’univers nébuleux de ce troisième disque, le titre « Captain Stupido » nous renvoie à ce qu’on a toujours aimé chez notre Mega Man à savoir une basse à la sonorité bien grasse, une harmonie qui nous prend à contrepied et une rythmique dégingandée signée Flying Lotus; du coup on se dit que ça s’annonce bien, très bien même. Ce qui surprend à l’écoute de chacun de ses projets et « Drunk » en est la preuve immédiate, c’est cette espèce de fausse maladresse, aussi bien dans les sonorités que dans le ton, marqué par un humour geek complètement déconnecté. Avec cet album, Thundercat continue d’explorer des voies qu’il a commencées à arpenter depuis « The Golden Age of Apocalypse », des mélodies ambitieuses pour ne pas dire complètement folles résonnant comme des échos dans l’espace, apposées sur des beats electro poussiéreux type 8-bit, le tout offrant un souffle aérien d’une mélancolie abyssale. Ce qui rend alors sa musique aussi touchante, c’est cette apparente simplicité, ce côté bricolage et cet aspect désuet qui fait de lui le plus à la mode des gars rétro, la preuve avec « Bus In These Streets » ou encore « Jameel’s Space Ride ». On imaginerait presque un savant fou, cheveux en bataille, au milieu d’un fourbi, tapotant de ses gros doigts sur une vielle MPC, un chat à moitié allongé dessus. Détourner ainsi le jazz et lui permettre de s’exprimer de cette manière ne peut que pousser à l’admiration. Autant de nonchalance et un jeu de contrastes si audacieux en est presque enrageant. Thundercat, ça sent vraiment le gars pour qui c’est facile en plus. Finalement, une basse (à 6 cordes certes), quelques sons de synthés et un beat électro fait maison et le tour est joué. Pas la peine non plus de parler de son jeu de basse à la technicité folle, ce qui nous vaut deux trois rappels à l’ordre avec notamment « Uh Uh » dans laquelle il se permet quelques excentricités histoire de remettre les choses au clair, et oui c’est un jazzman avant tout, point sur lequel il insiste souvent lui-même, définissant d’ailleurs sa musique comme Jazz et rien d’autre. Ce qu’il y a de plaisant également sur chacun de ses disques, c’est cet espace laissé volontairement pour permette aux lives de s’apparenter à de vrais concerts de jazz/fusion et donc de surprendre son public en proposant une musique plus organique. En ce sens, la formule n’a pas changé.
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Une fois les premières pistes passées, on est bien imprégnés et on comprend vite que « Drunk » est une sorte d’album fleuve où chaque pièce s’inscrit dans la continuité de la précédente et dont la cohérence esthétique est d’une belle limpidité. Cependant, c’est également ce qui en constitue la limite car à force de trop vouloir construire un univers on s’y perd. Si ce format court pour chacune des pièces (certains morceaux ne durent qu’1m30) permet à notre geek astral de s’offrir quelques explorations impromptues discrètes, il noie finalement un poil l’ensemble dans une répétition diffuse qui peut lasser, ne donnant pas assez de poids à chacune des pièces de l’œuvre, notamment en chassant les refrains, laissant un goût d’inachevé. L’album procure alors un sentiment de frustration et on aimerait en fin de compte que ce magicien spécialiste de la finesse complexe envisage peut-être un peu plus sa propre musique de la même manière que lorsqu’il est collaborateur ou producteur, pondant à chaque fois qu’il participe à l’album de quelqu’un d’autre un petit bijou (Il n’y qu’à voir la puissance d’un morceau comme « These Walls » sur le fabuleux « How To Pimp A Butterfly » pour s’en convaincre). Le résultat est que la musique n’est ni assez jazz ni assez « pop », ce qui démontre quelque chose d’extrêmement paradoxal car c’est finalement ce trop plein de personnalité qui rend parfois les choses un peu artificielles. Malgré tout, quelques moments forts s’imposent comme avec « Friend Zone » et son puissant boom bap, sa lourde basse bien rebondie et ses escalades de synthé célestes et « Them Changes », titre phare du disque à l’efficacité redoutable, synthèse parfaite de ce dont Thundercat est capable une fois au sommet de son inspiration avec cette alternance dont lui seul a le secret, entre gros beat poisseux et passage lyrique à la poésie foudroyante. Petit coup de cœur personnel pour « 3AM » et son éphémère mélancolie cotonneuse.
Vous l’aurez compris, Thundercat est l’un des artistes les plus déroutants et les plus astucieux de ces dernières années, une sorte de chimère, mi ange mi démon, qui par sa radicalité créera forcément des désaccords entre pures thuriféraires et réticents désintéressés. Il aura cependant réussi à se frayer un chemin et à obtenir une certaine popularité tout en restant complètement underground, ce qui est plus que louable de nos jours. « Drunk » nous offre une virée stratosphérique éthérée à l’obscurité diaphane. Malgré ses quelques défauts qui en font aussi ses qualités, il va très certainement rester un incontournable de cette année 2017, au moins parce qu’il sera unique en son genre. Je ne sais pas si la conception du disque s’est faite dans un bain d’alcool mais après écoute s’est bien installée en nous un sentiment d’enivrement, une sensation de douce langueur vraiment plaisante.
Tracklist : 1."Rabbot Ho" 2."Captain Stupido"BrunerThunde 3."Uh Uh" 4."Bus in These Streets" 5."A Fan's Mail (Tron Song Suite II)" 6."Lava Lamp" 7."Jethro" 8."Day & Night" 9."Show You the Way" (featuring Michael McDonald and Kenny Loggins) 10."Walk on By" (featuring Kendrick Lamar) 11."Blackkk" 12."Tokyo" 13."Jameel's Space Ride" 14."Friend Zone" 15."Them Changes" 16."Where I'm Going" 17."Drink Dat" (featuring Wiz Khalifa) 18."Inferno" 19."I Am Crazy" 20."3AM" 21."Drunk" 22."The Turn Down" (featuring Pharrell) 23."DUI" |
Tibo.