WATER music - T.C Boyle

Qu'est ce que tu fous ? Attrape ton sac, on a du chemin à faire. J'espère que ta carte de transport comprend l'Afrique de l'Ouest et le Royaume Uni. Oh. Et j'espère aussi que tu sais voyager dans le temps. J'en demande peut-être un peu trop... L'autre solution c'est de lire ce roman dense comme un Christmas pudding.
L'histoire est certes sacrément dense. Mais je t'assure qu'elle est tout à fait digeste.
T'es là, posay, en train de te toucher la nouille/ronger les ongles/guérir le cancer, ou toutes autres activités productives, et tu dis que ta vie manque d'aventure, que t'as besoin d'une fresque épique, d'un truc aussi blindé en péripéties que le Niger l'est en uranium.
T'ouvres le pavé en question, et boum, pas le temps de faire tes vaccins, tu débarques en 1795 au Royaume de Ségou (qui occupait une partie du Mali actuel). La violence.
« Oué mais en 1795 y avait pas de vaccins pour les maladies tropicales, go back to school quoi ».
Tu fais bien de le dire ! Ce roman est inspiré de faits réels (comme dirait les professionnels) mais l'anachronisme n'y pas étranger et ce dans un but esthétique, l'auteur le précise. Plus que de l'esthétisme, ça apporte de l'humour. Et l'humour, c'est rigolo (info exclusive).
Plus sérieusement l'anachronisme principal se situe dans les dialogues, le langage employé n'est pas du vieux françois (enfin du vieil anglais, mais traduction oblige), et c'est tant mieux. Attention j'dis pas que les personnages parlent la street, plutôt que l'auteur se permet de rendre le récit et les dialogues plus vivants en employant des expressions et métaphores délurées. C'est pas un concept révolutionnaire ok, mais c'est fait avec brio et subtilité.
Bref rentrons dans le vif du sujet. On suit pendant tout le roman deux personnages principaux. Tout d'abord Mungo Park, un jeune explorateur écossais (dire qu'à peu de chose près j'aurais pu vous dire qu'il venait de la belle République d’Écosse...). Mungo est un blanc-bec fasciné par le récit de Léon l'Africain (un des premiers clampins européen à décrire un peu sérieusement l'Afrique autour de 1530, sachant qu'on est en 1795 au début du roman ça montre bien que la connaissance de l'Afrique est toujours lacunaire). L'Association africaine de Londres l'engage pour partir à la recherche du mythique fleuve Niger, l'espérance de vie en Afrique des précédents explorateurs s'étant révélée assez limitée. Pour être plus précis, ils crevaient aussi vite que les animaux de compagnie de ta petite cousine, tu sais celle qui est sadique sur les bords.
Mungo résiste mieux que ses prédécesseurs. Pourtant le destin ne l'aide pas, pas du tout, je dirais même que le destin est un gros enfoiré.
L'histoire est certes sacrément dense. Mais je t'assure qu'elle est tout à fait digeste.
T'es là, posay, en train de te toucher la nouille/ronger les ongles/guérir le cancer, ou toutes autres activités productives, et tu dis que ta vie manque d'aventure, que t'as besoin d'une fresque épique, d'un truc aussi blindé en péripéties que le Niger l'est en uranium.
T'ouvres le pavé en question, et boum, pas le temps de faire tes vaccins, tu débarques en 1795 au Royaume de Ségou (qui occupait une partie du Mali actuel). La violence.
« Oué mais en 1795 y avait pas de vaccins pour les maladies tropicales, go back to school quoi ».
Tu fais bien de le dire ! Ce roman est inspiré de faits réels (comme dirait les professionnels) mais l'anachronisme n'y pas étranger et ce dans un but esthétique, l'auteur le précise. Plus que de l'esthétisme, ça apporte de l'humour. Et l'humour, c'est rigolo (info exclusive).
Plus sérieusement l'anachronisme principal se situe dans les dialogues, le langage employé n'est pas du vieux françois (enfin du vieil anglais, mais traduction oblige), et c'est tant mieux. Attention j'dis pas que les personnages parlent la street, plutôt que l'auteur se permet de rendre le récit et les dialogues plus vivants en employant des expressions et métaphores délurées. C'est pas un concept révolutionnaire ok, mais c'est fait avec brio et subtilité.
Bref rentrons dans le vif du sujet. On suit pendant tout le roman deux personnages principaux. Tout d'abord Mungo Park, un jeune explorateur écossais (dire qu'à peu de chose près j'aurais pu vous dire qu'il venait de la belle République d’Écosse...). Mungo est un blanc-bec fasciné par le récit de Léon l'Africain (un des premiers clampins européen à décrire un peu sérieusement l'Afrique autour de 1530, sachant qu'on est en 1795 au début du roman ça montre bien que la connaissance de l'Afrique est toujours lacunaire). L'Association africaine de Londres l'engage pour partir à la recherche du mythique fleuve Niger, l'espérance de vie en Afrique des précédents explorateurs s'étant révélée assez limitée. Pour être plus précis, ils crevaient aussi vite que les animaux de compagnie de ta petite cousine, tu sais celle qui est sadique sur les bords.
Mungo résiste mieux que ses prédécesseurs. Pourtant le destin ne l'aide pas, pas du tout, je dirais même que le destin est un gros enfoiré.
Celui que le destin épargne encore moins, c'est Ned Rise. Un enfant des bas-fond de Londres, né d'une pocharde, que l'ascenseur social a élevé (to rise = s'élever, jeu de mot essentiel à cette histoire) jusqu'au tabouret d'un bar crasseux. J'introduis ici la Loi de Rise : si les choses semblent vaguement s'améliorer tu peux être sûr qu'elles vont se barrer en couille d'ici peu, et ce dans les grandes largeurs. Quand Ned, après une cuite au gin bien sévère, a l'idée de créer des représentations théâtrales précurseurs du porno, tu te doutes d'après la loi énoncée que ça va être drôle. Ceci n'est que le premier exemple, pour vous mettre l'eau à la bouche. Ce serait criminel (et bien trop long) de spoiler les aventures chaotiques de Ned.
On suit donc deux vie en parallèle, n'attendant qu'une chose, qu'elles se croisent, et surtout savoir comment elles pourraient bien se croiser.
Le charisme des personnages secondaires est aussi à signaler. Impossible de ne pas se prendre d'amitié pour Johnson, un ancien esclave qu'un lord anglais a ensuite pris sous son aile. Johnson est un passionné de littérature anglaise, d'un caractère pragmatique voire un peu cynique et qui semble être le seul mec sain d'esprit dans tout ce bordel.
Ce n'est pas parce que l'époque laisse peu de place aux femmes qu'elles sont absentes. Loin de là. On peut citer Ailie, la fiancée de Mungo qui l'attend en Écosse, repoussant les avances d'un benêt aussi mièvre qu'un épisode de 7 à la maison. L'image de la Pénélope attendant son Ulysse est réductrice, car elle a un caractère bien trempé et un indéniable sens de l'humour. Pis y a aussi Fatima, fille d'un chef de tribu, qui en impose carrément (autant de par sa corpulence que de par sa liberté d'esprit). Et j'en passe, je suis pas là pour faire un catalogue !
Autre particularité : le roman se rapproche souvent d'un conte, illustré par la récurrence de certains personnages. Sérieux retomber à chaque fois sur le même psychopathe dans un territoire aussi grand que l'Afrique de l'Ouest tu vas pas me dire que c'est une coïncidence ? Si ça c'est pas le principe du Méchant dans un conte. Et même qu'il y a une sorcière aussi. Une vieille voleuse d'enfant qu'on croise plusieurs fois, sans jamais réussir à percer le mystère de cette créature au rire strident. Elle a tout d'une sorcière dans Macbeth, une sœur fatale annonciatrice de chaos.
Je vais finir sur une citation tirée de Macbeth tiens :
« Macbeth : La vie est un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien. »
Et là vous attendez avec impatience des suggestions (non), mais le livre se suffit à lui-même. (Bon ok j'ai pas d'inspiration).
Préparez vous un petit thé, enroulez vous dans une couverture, matez quelques épisodes du Dessous des cartes concernant l' Afrique et c'est parti !
On suit donc deux vie en parallèle, n'attendant qu'une chose, qu'elles se croisent, et surtout savoir comment elles pourraient bien se croiser.
Le charisme des personnages secondaires est aussi à signaler. Impossible de ne pas se prendre d'amitié pour Johnson, un ancien esclave qu'un lord anglais a ensuite pris sous son aile. Johnson est un passionné de littérature anglaise, d'un caractère pragmatique voire un peu cynique et qui semble être le seul mec sain d'esprit dans tout ce bordel.
Ce n'est pas parce que l'époque laisse peu de place aux femmes qu'elles sont absentes. Loin de là. On peut citer Ailie, la fiancée de Mungo qui l'attend en Écosse, repoussant les avances d'un benêt aussi mièvre qu'un épisode de 7 à la maison. L'image de la Pénélope attendant son Ulysse est réductrice, car elle a un caractère bien trempé et un indéniable sens de l'humour. Pis y a aussi Fatima, fille d'un chef de tribu, qui en impose carrément (autant de par sa corpulence que de par sa liberté d'esprit). Et j'en passe, je suis pas là pour faire un catalogue !
Autre particularité : le roman se rapproche souvent d'un conte, illustré par la récurrence de certains personnages. Sérieux retomber à chaque fois sur le même psychopathe dans un territoire aussi grand que l'Afrique de l'Ouest tu vas pas me dire que c'est une coïncidence ? Si ça c'est pas le principe du Méchant dans un conte. Et même qu'il y a une sorcière aussi. Une vieille voleuse d'enfant qu'on croise plusieurs fois, sans jamais réussir à percer le mystère de cette créature au rire strident. Elle a tout d'une sorcière dans Macbeth, une sœur fatale annonciatrice de chaos.
Je vais finir sur une citation tirée de Macbeth tiens :
« Macbeth : La vie est un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien. »
Et là vous attendez avec impatience des suggestions (non), mais le livre se suffit à lui-même. (Bon ok j'ai pas d'inspiration).
Préparez vous un petit thé, enroulez vous dans une couverture, matez quelques épisodes du Dessous des cartes concernant l' Afrique et c'est parti !
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