Trois hommes, deux chiens et une langouste - Iain Levison
Coucou. Tu me laisses une place dans le canap' ? Non ? Pourtant j'ai amené des bières et un bouquin qui pourrait te plaire...
« File les bières et laisse ce livre à l'entrée ma gueule. J'ai grillé des steaks pour une chaîne de fast-food toute la journée. J'y vais comme je suis et autant te dire que je suis plutôt blasé. Donc j'ai juste envie de regarder une série au calme là. »
Et ben raison de plus pour écouter. Direction les States. Mets-toi ienb dans le canap' de la loose, il nous servira de portail spatio-temporel.
Je vous présente Mitch, Doug et Kevin. Mitch, Doug et Kevin je vous présente le lecteur. Le lecteur peut s'avérer un peu encombrant mais il est sympa je vous assure. Quelques joints et vous vous entendrez comme culs et chemises, pas de lézards. … Je sais Kevin, depuis que t'as arrêté ta production dans la cave t'as pas le matos pour faire planer un régiment, m'engueule pas.
Oui parce que Kevin n'est pas juste un jeune père de famille marié à l'enquiquinante Linda. Kevin promène des chiens car c'est le seul boulot qui lui semblait accessible après avoir fait de la prison pour production et trafic de marie-jeanne.
De quoi Doug ? Ah ouais c'est vrai, Doug participait au trafic aussi, mais il s'est pas fait pincer, c'était que du petit deal de quartier, pas de quoi appeler la DEA hein. Doug bosse dans un restaurant sinon, il s'occupe du grill, défoncé la plupart du temps, le regard aussi vivant que la bidoche qu'il crame.
Te marre pas Mitch. T'es pas mieux mec. Sauf que tes yeux rouges contemplent plutôt les rayons de la section automobiles de l'Accu-mart. Avant de bosser dans le temple de la consommation de Walston (un temple à l'échelle de la ville, une morne stèle quoi), Mitch a aussi essayé de trafiquer un peu, ce à quoi le destinait son diplôme de lettres. Haha, ces gens qui font des études de lettres/arts/sciences humaines/tout-sauf-les-maths, quelle bande de losers... Hahaha. (Je ris... Jaune.)
Au fait si ça intéresse quelqu'un, on se trouve dans l'appart de Mitch et Doug, dans la bourgade de Walston, près de Pittsburgh, Pennsylvanie. Une ville minière en déliquescence comme tant d'autres, avec assez de chômeurs pour organiser des flashmob de qualité (je pose un copyright sur le concept de flashmob à Pôle Emploi). Le coin parfait pour transformer son salon en aquarium.
N'en jetez plus Messire Marsouin, on voit le tableau : les protagonistes sont des losers.
« File les bières et laisse ce livre à l'entrée ma gueule. J'ai grillé des steaks pour une chaîne de fast-food toute la journée. J'y vais comme je suis et autant te dire que je suis plutôt blasé. Donc j'ai juste envie de regarder une série au calme là. »
Et ben raison de plus pour écouter. Direction les States. Mets-toi ienb dans le canap' de la loose, il nous servira de portail spatio-temporel.
Je vous présente Mitch, Doug et Kevin. Mitch, Doug et Kevin je vous présente le lecteur. Le lecteur peut s'avérer un peu encombrant mais il est sympa je vous assure. Quelques joints et vous vous entendrez comme culs et chemises, pas de lézards. … Je sais Kevin, depuis que t'as arrêté ta production dans la cave t'as pas le matos pour faire planer un régiment, m'engueule pas.
Oui parce que Kevin n'est pas juste un jeune père de famille marié à l'enquiquinante Linda. Kevin promène des chiens car c'est le seul boulot qui lui semblait accessible après avoir fait de la prison pour production et trafic de marie-jeanne.
De quoi Doug ? Ah ouais c'est vrai, Doug participait au trafic aussi, mais il s'est pas fait pincer, c'était que du petit deal de quartier, pas de quoi appeler la DEA hein. Doug bosse dans un restaurant sinon, il s'occupe du grill, défoncé la plupart du temps, le regard aussi vivant que la bidoche qu'il crame.
Te marre pas Mitch. T'es pas mieux mec. Sauf que tes yeux rouges contemplent plutôt les rayons de la section automobiles de l'Accu-mart. Avant de bosser dans le temple de la consommation de Walston (un temple à l'échelle de la ville, une morne stèle quoi), Mitch a aussi essayé de trafiquer un peu, ce à quoi le destinait son diplôme de lettres. Haha, ces gens qui font des études de lettres/arts/sciences humaines/tout-sauf-les-maths, quelle bande de losers... Hahaha. (Je ris... Jaune.)
Au fait si ça intéresse quelqu'un, on se trouve dans l'appart de Mitch et Doug, dans la bourgade de Walston, près de Pittsburgh, Pennsylvanie. Une ville minière en déliquescence comme tant d'autres, avec assez de chômeurs pour organiser des flashmob de qualité (je pose un copyright sur le concept de flashmob à Pôle Emploi). Le coin parfait pour transformer son salon en aquarium.
N'en jetez plus Messire Marsouin, on voit le tableau : les protagonistes sont des losers.
Losers certes, mais on rit plus avec eux qu'à leurs
dépends. Parce qu'on se retrouve en eux, dans leur cynisme, leurs
désillusions et parfois leurs espoirs. Leurs rêves n'ont rien de
grandiose. Être assuré de pouvoir payer son loyer. Échapper à ce
sentiment d'humiliation permanente infligé par la société. Ou
alors devenir pilote d'hélicoptère et auteur de livre pour
enfants ; Doug a beaucoup de projets de reconversion comme ça,
qui en restent au stade de plan sur la moquette (sale). Jusque là tout est banal. Mais une suite d'événements (et de bourdes stupides) les amène à tomber dans des activités illicites de plus en plus répréhensibles. Toujours placées sous le signe de la loose, cela va sans dire. Allez pas vous imaginer que c'est Breaking Bad version Pennsylvanie. On parle plutôt de vols de télé, de médocs, puis de Ferrari. Des vols planifiés qui terminent toujours en improvisation bancale. Et, comme aveugles à ces signes annonciateurs de désastre, ils se lancent dans un coup plus ambitieux... (Les points de suspension symbolisent ici le suspens qui doit vous donner envie de lire ce livre, si par hasard le titre n'aurait pas suffit.)
Hop hop hop, je n'en ai pas fini ! Iain Levison a écrit d'autres romans qui glissent tout seul, des petites friandises, saveur critique de la société américaine sous couvert de loose et d'humour. Et parce que ça fait du bien de se marrer je vais vous dire quelques mots sur deux d'entre eux.
Pour ceux qui auraient besoin de conseils pertinents sur le monde du travail, je prescris Tribulations d'un précaire. On suit un individu nommé Iain (tu les sens les gros éléments autobiographiques ?) dans son milieu naturel, c'est à dire les petits boulots ingrats. De la restauration à l'entreprise de déménagement en passant par la pêcherie en Alaska. Des expériences souvent brèves de par leur tendance à se barrer en cacahuètes sans même que le narrateur n'ait à commettre de bévues. Et pourtant il reste stoïque face à l'injustice, au fond il n'a aucune envie de s'éterniser dans ces jobs. Il cherche juste à économiser un peu pour ne pas se retrouver en situation de survie voir pour se payer quelques semaines de répit à regarder la télé. N'est-ce pas ça le but du travail au final ? Obtenir les quelques dollars qui nous séparent du SDF au coin de la rue ? Iain le voit comme ça, et il l'exprime avec beaucoup d'humour.
Un humour (noir) qu'on retrouve dans Une canaille et demie, la rencontre insolite (j'adore ce mot, insolite, ça fait rubrique d'un quotidien provinciale) d'un professeur d'université en quête de reconnaissance, d'un braqueur de banque en fuite et de l'employée du FBI blasée enquêtant sur le braquage. Warning : le sens de l'éthique ne se trouve pas toujours du côté qu'on croit.
Trois livres pour le prix d'un et quand même des suggestions ? Voui.
A vous les studios.
Hop hop hop, je n'en ai pas fini ! Iain Levison a écrit d'autres romans qui glissent tout seul, des petites friandises, saveur critique de la société américaine sous couvert de loose et d'humour. Et parce que ça fait du bien de se marrer je vais vous dire quelques mots sur deux d'entre eux.
Pour ceux qui auraient besoin de conseils pertinents sur le monde du travail, je prescris Tribulations d'un précaire. On suit un individu nommé Iain (tu les sens les gros éléments autobiographiques ?) dans son milieu naturel, c'est à dire les petits boulots ingrats. De la restauration à l'entreprise de déménagement en passant par la pêcherie en Alaska. Des expériences souvent brèves de par leur tendance à se barrer en cacahuètes sans même que le narrateur n'ait à commettre de bévues. Et pourtant il reste stoïque face à l'injustice, au fond il n'a aucune envie de s'éterniser dans ces jobs. Il cherche juste à économiser un peu pour ne pas se retrouver en situation de survie voir pour se payer quelques semaines de répit à regarder la télé. N'est-ce pas ça le but du travail au final ? Obtenir les quelques dollars qui nous séparent du SDF au coin de la rue ? Iain le voit comme ça, et il l'exprime avec beaucoup d'humour.
Un humour (noir) qu'on retrouve dans Une canaille et demie, la rencontre insolite (j'adore ce mot, insolite, ça fait rubrique d'un quotidien provinciale) d'un professeur d'université en quête de reconnaissance, d'un braqueur de banque en fuite et de l'employée du FBI blasée enquêtant sur le braquage. Warning : le sens de l'éthique ne se trouve pas toujours du côté qu'on croit.
Trois livres pour le prix d'un et quand même des suggestions ? Voui.
- The Big Lebowski, des frères Coen, ça fait toujours zizir de le voir.
- Work, Work, Work (Pub, Club, Sleep) – The Rakes
- J'ai jamais su dire non, une web-série bien sympa, par les géniaux Slimane-Baptiste Berhoun et François Descraques. (La saison 2 a été annoncée récemment en plus, j'ai hâte.)
- Deux autres romans de Iain Levison : Un petit boulot et Arrêtez-moi là .
A vous les studios.
Voir aussi :
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