Charlotte – David
Foenkinos
Le livre qu’on s’était juré de ne pas lire.
Parce que malgré le prix Goncourt et le prix Renaudot, les critiques restent très mitigées. Parce qu’on a été submergé de publicités dans le métro et dans la rue, parce qu’à force d’en entendre parler, la curiosité s’est éteinte. Et parce que la Shoah, on en sait suffisamment, on la voit au collège, au lycée, et presque de façon continue que ce soit en littérature, cinéma, émissions… Parfois, ne vaudrait-il pas mieux se concentrer sur ce que l’humanité a de beau ? Sur l’avenir, sur l’espoir ? Les horreurs du monde restent en permanence dans notre conscience, mais si nous pouvions nous centrer sur le bon, cela ne nous aiderait-il pas à avancer ?
Voilà ce que je me disais, jusqu’à ce que Charlotte me tombe entre les mains, complétement par hasard. J’ai un faible pour les romans dont le titre est un prénom. Tout de suite, on sent une complicité particulière avec le personnage. Charlotte, enchantée, je peux te tutoyer ?
Le roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre allemande d’origine juive. Une vie de drames, d’angoisses, de folie, d’amour et d’art. Le combo idéal pour faire d’un génie une personnalité passionnante. Foenkinos se lance dans une entreprise périlleuse, véritable funambule, il écrit une phrase par ligne. Comme il l’explique lui-même, ces pauses sont vitales dans la lecture du roman, chaque phrase nous fait l’effet d’une sentence et le besoin de respirer s’impose. On veut les retenir toutes par cœur, les déchiffrer, les pénétrer. C’est un poème en prose, un poème de sensations qui prend aux tripes et retourne l’estomac. On le parcourt au bord du précipice, priant pour que ça en finisse, tellement la violence de la passion est insoutenable.
On s’envole avec Charlotte dès la première ligne, on vit Charlotte, on est Charlotte, et on ne peut plus s’en séparer. Le texte nous impose une implication rare dans un ouvrage si simple en apparence. Charlotte nous fait rêver avec sa peinture, ses démons, ses silences. On saura tout d’elle sans jamais la saisir, personnage mystérieux et invisible, centre de l’histoire ou ombre baladeuse. Le vrai et le faux marchent main dans la main, inséparables. C’est la beauté du récit. Vie ? ou Théâtre ?
Voilà ce que je me disais, jusqu’à ce que Charlotte me tombe entre les mains, complétement par hasard. J’ai un faible pour les romans dont le titre est un prénom. Tout de suite, on sent une complicité particulière avec le personnage. Charlotte, enchantée, je peux te tutoyer ?
Le roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre allemande d’origine juive. Une vie de drames, d’angoisses, de folie, d’amour et d’art. Le combo idéal pour faire d’un génie une personnalité passionnante. Foenkinos se lance dans une entreprise périlleuse, véritable funambule, il écrit une phrase par ligne. Comme il l’explique lui-même, ces pauses sont vitales dans la lecture du roman, chaque phrase nous fait l’effet d’une sentence et le besoin de respirer s’impose. On veut les retenir toutes par cœur, les déchiffrer, les pénétrer. C’est un poème en prose, un poème de sensations qui prend aux tripes et retourne l’estomac. On le parcourt au bord du précipice, priant pour que ça en finisse, tellement la violence de la passion est insoutenable.
On s’envole avec Charlotte dès la première ligne, on vit Charlotte, on est Charlotte, et on ne peut plus s’en séparer. Le texte nous impose une implication rare dans un ouvrage si simple en apparence. Charlotte nous fait rêver avec sa peinture, ses démons, ses silences. On saura tout d’elle sans jamais la saisir, personnage mystérieux et invisible, centre de l’histoire ou ombre baladeuse. Le vrai et le faux marchent main dans la main, inséparables. C’est la beauté du récit. Vie ? ou Théâtre ?
Néanmoins (eh oui, il y a souvent un mais), Foenkinos est un peu trop présent. Il intercale l’histoire de Charlotte avec ses propres ressentis, ses recherches, ses aboutissements. Comment ai-je appris telle ou telle information ? Combien de temps ai-je passé à trouver ce témoin ? Ne me permettant pas de juger un écrivain si réputé, je dirai juste que ces passages sont comparables au sel dans le café. On suit tranquillement Charlotte, on est bien au chaud, dans son univers, dans sa folie, ses obsessions, et tout d’un coup l’auteur apparaît « Coucou, c’est moi qui ai écrit ce livre, et au fait, j’ai bien galéré pour y arriver. » Succincte prétention ? Et effectivement, il arrive au lecteur de sentir cette difficulté. Obnubilé par l’artiste, l’auteur n’arrive pas toujours à avoir le recul nécessaire qui amène les mots justes. Certains passages ressemblent à des comblements de vide manquant de fluidité. Mais Charlotte aime le vide, et on se plonge volontiers dans un trou noir avec elle. Pas avec Foenkinos.
Mais trêve de calembredaines ! Au delà des petits détails morbides (vraiment nécessaires ?) et des fantômes qui nous brouillent la vue par instants, Charlotte reste une admirable réussite. On redécouvre la beauté dans la tragédie des temps modernes. Au delà du roman, je vous encourage vivement à vous intéresser à cette artiste extraordinaire, qui, un peu à la façon de Chagall, manie les couleurs et les formes avec innocence et virtuosité.
Petit conseil : Ce n’est pas un livre à lire dans le métro. Parsemé de références picturales et musicales, il est nécessaire de faire les recherches au fur et à mesure de la lecture. Charlotte s’exprime à sa façon, c’est à dire à travers l’art, et pas seulement celui crée par elle-même.
Si j’ai réussi à vous y intéresser et si vous voulez savoir à quoi ressemble cet ouvrage, je vous laisse fixer ce tableau en écoutant Schubert. Sans doute le plus beau passage du roman. Si vous sentez un déclic, si vous visualisez l’amour, la passion, mais aussi l’obsession et la mort qui hante, alors ce livre est pour vous. Et sinon, tant mieux, un ouragan vous aura épargné. « L’essentiel, c’est que ces mots aient été écrits ».
Mais trêve de calembredaines ! Au delà des petits détails morbides (vraiment nécessaires ?) et des fantômes qui nous brouillent la vue par instants, Charlotte reste une admirable réussite. On redécouvre la beauté dans la tragédie des temps modernes. Au delà du roman, je vous encourage vivement à vous intéresser à cette artiste extraordinaire, qui, un peu à la façon de Chagall, manie les couleurs et les formes avec innocence et virtuosité.
Petit conseil : Ce n’est pas un livre à lire dans le métro. Parsemé de références picturales et musicales, il est nécessaire de faire les recherches au fur et à mesure de la lecture. Charlotte s’exprime à sa façon, c’est à dire à travers l’art, et pas seulement celui crée par elle-même.
Si j’ai réussi à vous y intéresser et si vous voulez savoir à quoi ressemble cet ouvrage, je vous laisse fixer ce tableau en écoutant Schubert. Sans doute le plus beau passage du roman. Si vous sentez un déclic, si vous visualisez l’amour, la passion, mais aussi l’obsession et la mort qui hante, alors ce livre est pour vous. Et sinon, tant mieux, un ouragan vous aura épargné. « L’essentiel, c’est que ces mots aient été écrits ».
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