Mort à crédit - Louis-Ferdinand Céline
Allez, cette fois on
tape dans le vintage. Vous allez me dire ce qui revient à la mode cette saison
ce sont les sixties, pas les thirties. Eh ben disons que je prends de l'avance,
la mode, cet éternel recommencement... Bref on est pas là pour parler
fanfreluches.
Et pis depuis quand y a une date de péremption sur les bouquins hein ? Quoi ? Oh bah si personne me prévient aussi...
Tiens, en parlant de précautions, est-ce que tout le monde dans la salle a son estomac bien accroché ? Ainsi que tout autre organe susceptible de s'échapper? Vraiment sûr ? Je veux pas avoir d'ennuis.
La plupart d'entre vous ne serons pas si traumatisés que ça en fait. Parce que Céline a l'esprit deep web. Criez à l'anachronisme, j'm'en tamponne. Quand je dis deep web, je pense pas aux profondeurs les plus obscures, plutôt à 4chan, ou à ceux qui tapent « prolapsus » sur Google pour le fun (ne le faites pas). Adeptes de l'absurde, du sale, du purulent, ce bouquin est pour vous. Je suppose qu'il n'y a pas besoin de plus pour convaincre. Comment ça non ?
Bon bon ok, je développe.
Tout d'abord commençons par un aparté sur Céline, ça s'impose. Certains le savent sûrement déjà, c'est un auteur controversé. Et pas seulement parce que son style ne plaît pas à tout le monde, oh que non. Le gus a écrit des pamphlets antisémites et a fait l'éloge des allemands durant l'occupation. Ouille.
« Alors pourquoi on a pas brûlé toutes ses œuvres et pissé sur sa tombe, hein ?! » Il se trouve que ses romans n'ont rien d'antisémite, c'est même à se demander comment un auteur si pacifiste et nihiliste peut se laisser aller à une haine aussi virulente... Rah ça donne envie de foutre des torgnoles. Quoiqu'il en soit il ne se positionne pas en exemple, ses romans ne cherchent pas à donner de leçons de morale, ce ne sont que les tribulations plus ou moins absurdes de son alter ego « Ferdinand Bardamu ». Doit-on pour autant complètement séparer une œuvre des agissements de son auteur ? J'ai moi même du mal à en juger... Dur dur le choix éditorial.
Oublions donc le « prisme de l'auteur » et tout le tralala, parce que c'est un bon livre bordel. Un livre qui te saisit au collet, te fout une grosse tarte, et puis te crache dans la bouche.
Rien que la première page laisse des bleus. On comprend direct qu'on a pas affaire à un épisode de Friends .
Un peu assommé par cette première claque, on découvre le quotidien du narrateur, Ferdinand, docteur de profession à Paname et dans les alentours. Pas des plus charmantes découvertes. « Vous reprendrez bien une part de gonorrhée pour accompagner votre syphilis ? Avec plaisir et rajoutez moi une chaude-pisse avec ça. »
Et pis depuis quand y a une date de péremption sur les bouquins hein ? Quoi ? Oh bah si personne me prévient aussi...
Tiens, en parlant de précautions, est-ce que tout le monde dans la salle a son estomac bien accroché ? Ainsi que tout autre organe susceptible de s'échapper? Vraiment sûr ? Je veux pas avoir d'ennuis.
La plupart d'entre vous ne serons pas si traumatisés que ça en fait. Parce que Céline a l'esprit deep web. Criez à l'anachronisme, j'm'en tamponne. Quand je dis deep web, je pense pas aux profondeurs les plus obscures, plutôt à 4chan, ou à ceux qui tapent « prolapsus » sur Google pour le fun (ne le faites pas). Adeptes de l'absurde, du sale, du purulent, ce bouquin est pour vous. Je suppose qu'il n'y a pas besoin de plus pour convaincre. Comment ça non ?
Bon bon ok, je développe.
Tout d'abord commençons par un aparté sur Céline, ça s'impose. Certains le savent sûrement déjà, c'est un auteur controversé. Et pas seulement parce que son style ne plaît pas à tout le monde, oh que non. Le gus a écrit des pamphlets antisémites et a fait l'éloge des allemands durant l'occupation. Ouille.
« Alors pourquoi on a pas brûlé toutes ses œuvres et pissé sur sa tombe, hein ?! » Il se trouve que ses romans n'ont rien d'antisémite, c'est même à se demander comment un auteur si pacifiste et nihiliste peut se laisser aller à une haine aussi virulente... Rah ça donne envie de foutre des torgnoles. Quoiqu'il en soit il ne se positionne pas en exemple, ses romans ne cherchent pas à donner de leçons de morale, ce ne sont que les tribulations plus ou moins absurdes de son alter ego « Ferdinand Bardamu ». Doit-on pour autant complètement séparer une œuvre des agissements de son auteur ? J'ai moi même du mal à en juger... Dur dur le choix éditorial.
Oublions donc le « prisme de l'auteur » et tout le tralala, parce que c'est un bon livre bordel. Un livre qui te saisit au collet, te fout une grosse tarte, et puis te crache dans la bouche.
Rien que la première page laisse des bleus. On comprend direct qu'on a pas affaire à un épisode de Friends .
Un peu assommé par cette première claque, on découvre le quotidien du narrateur, Ferdinand, docteur de profession à Paname et dans les alentours. Pas des plus charmantes découvertes. « Vous reprendrez bien une part de gonorrhée pour accompagner votre syphilis ? Avec plaisir et rajoutez moi une chaude-pisse avec ça. »
Bon appétit les enfants.
Vous avez compris c'est pas jojo, on se retrouve emporté dans
des tourbillons d'énumérations toutes plus trash les unes que les autres. Et
puis parfois le narrateur se fatigue, il rêve d'écrire une romance, une belle
épopée. Il divague, ses oreilles bourdonnent. Il se perd dans ses souvenirs. De
fil en aiguille (ou de Charybde en Scylla, à vous de voir) il se met à raconter son enfance. Faut pas
chercher à comprendre pourquoi. No time to explain.
Nous voilà embringués dans un récit décousu puis recousu à la barbare avec des points de suspension. De l'argot jusqu'à plus soif. Oui oui de l'argot des années 30. Étonnamment c'est plutôt facile à suivre. Et ça enrichit notre répertoire d'insultes (argument de poids). On suit donc le petit Ferdinand de sa plus tendre enfance à sa majorité. Rien ne nous est épargné, pour le pire comme pour le...encore pire ? (J'ai bien cherché le « meilleur » mais il est introuvable.)
Un père violent, une mère surmenée, tous deux convaincus d'avoir donné naissance à un bon à rien, un enfant du Diable. Chaque tentative pour leur prouver le contraire échoue lamentablement et les conforte dans leur idée. Tout ce qui pourrait s'apparenter au quart de poil de fesse d'une lueur d'espoir finit en eau de boudin. Tu ne sais plus si tu dois rire ou te mettre en position fœtale. Mais tu continues à lire, le regard halluciné, l'esprit vide. Il n'est même pas question d'avoir de la compassion. C'est une lutte entre le bouquin et toi. Jusqu'à ce que la nausée l'emporte. Jusqu'à ce que t'aies envie de regarder tous les épisodes de My Little Pony en bouffant des chamallow.
Alors oui, ça paraît rebutant. Mais le narrateur dégobille pas toutes ces horreurs juste pour la beauté de la chose (pourtant il le fait avec une telle virtuosité que ça en deviendrait presque beau). Bah ouais p'tit gars, parfois la vie est une chienne incohérente, parfois c'est comme regarder une série avec l'audio décalé (je crois que c'est un moyen légal de torture, à vérifier).
Et en lisant ce bouquin tu te dis qu'il est temps d'arrêter de chercher un sens et d'accepter le bousin tel qu'il est. Tout comme le narrateur accepte les petits boulots ingrats, l'injustice, le vice, la mort. Il se laisse entraîner par le courant, quitte à faire un séjour linguistique en Angleterre sans avoir l'intention d'apprendre ne serait-ce qu'un mot, quitte à suivre un inventeur-rédacteur et sa femme à moustache en rase-campagne pour faire pousser des patates et élever des gamins (à moins que ce soit l'inverse).
Je cause de cet inventeur, Courtial des Pereires, et j'en oublie de vous dire que la galerie de personnages vaut le détour. Ils sont timbrés, déraisonnables, guidés par leurs affects et leurs illusions, de l'humain 100% pur jus. Les diatribes qu'ils vomissent ont un effet cathartique. De la catharsis en sirop, bien gluante, pas mauvaise mais qui laisse un sale arrière-goût en bouche.
Bref tu ressors de toutes ces salades avec l'envie de connaître le reste de la vie de Ferdinand (et possiblement une migraine).
Vous avez toujours pas envie de le lire là ? Je comprends vraiment pas pourquoi.
Pour me faire pardonner je vous laisse avec une liste de suggestions plus légères :
– Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause ! ainsi que Comment réussir quand on est con et pleurnichard de Michel Audiard. (PS : Paraît qu'Audiard souhaitait adapter Mort à crédit et Voyage au bout de la nuit au cinéma, comme quoi mes conseils sont pas tous complètement à côté de la plaque)
– Pour le côté enfance et adolescence, allez revisionner des épisodes de Malcolm (en s'empiffrant de chips, sinon ça marche pas). De quoi se changer les idées tout en gardant une petite touche caustique.
– Niveau playlist pourquoi pas: Pigalle – Patate ... Nan je déconne. Le silence est encore le meilleur allié. Et on a pas encore inventé la vie avec une B.O intégrée à ce que je sache (j'espère que quelqu'un y travaille).
Sur ce bisou, j'ai un voyage au bout de la nuit qui m'attend.
Nous voilà embringués dans un récit décousu puis recousu à la barbare avec des points de suspension. De l'argot jusqu'à plus soif. Oui oui de l'argot des années 30. Étonnamment c'est plutôt facile à suivre. Et ça enrichit notre répertoire d'insultes (argument de poids). On suit donc le petit Ferdinand de sa plus tendre enfance à sa majorité. Rien ne nous est épargné, pour le pire comme pour le...encore pire ? (J'ai bien cherché le « meilleur » mais il est introuvable.)
Un père violent, une mère surmenée, tous deux convaincus d'avoir donné naissance à un bon à rien, un enfant du Diable. Chaque tentative pour leur prouver le contraire échoue lamentablement et les conforte dans leur idée. Tout ce qui pourrait s'apparenter au quart de poil de fesse d'une lueur d'espoir finit en eau de boudin. Tu ne sais plus si tu dois rire ou te mettre en position fœtale. Mais tu continues à lire, le regard halluciné, l'esprit vide. Il n'est même pas question d'avoir de la compassion. C'est une lutte entre le bouquin et toi. Jusqu'à ce que la nausée l'emporte. Jusqu'à ce que t'aies envie de regarder tous les épisodes de My Little Pony en bouffant des chamallow.
Alors oui, ça paraît rebutant. Mais le narrateur dégobille pas toutes ces horreurs juste pour la beauté de la chose (pourtant il le fait avec une telle virtuosité que ça en deviendrait presque beau). Bah ouais p'tit gars, parfois la vie est une chienne incohérente, parfois c'est comme regarder une série avec l'audio décalé (je crois que c'est un moyen légal de torture, à vérifier).
Et en lisant ce bouquin tu te dis qu'il est temps d'arrêter de chercher un sens et d'accepter le bousin tel qu'il est. Tout comme le narrateur accepte les petits boulots ingrats, l'injustice, le vice, la mort. Il se laisse entraîner par le courant, quitte à faire un séjour linguistique en Angleterre sans avoir l'intention d'apprendre ne serait-ce qu'un mot, quitte à suivre un inventeur-rédacteur et sa femme à moustache en rase-campagne pour faire pousser des patates et élever des gamins (à moins que ce soit l'inverse).
Je cause de cet inventeur, Courtial des Pereires, et j'en oublie de vous dire que la galerie de personnages vaut le détour. Ils sont timbrés, déraisonnables, guidés par leurs affects et leurs illusions, de l'humain 100% pur jus. Les diatribes qu'ils vomissent ont un effet cathartique. De la catharsis en sirop, bien gluante, pas mauvaise mais qui laisse un sale arrière-goût en bouche.
Bref tu ressors de toutes ces salades avec l'envie de connaître le reste de la vie de Ferdinand (et possiblement une migraine).
Vous avez toujours pas envie de le lire là ? Je comprends vraiment pas pourquoi.
Pour me faire pardonner je vous laisse avec une liste de suggestions plus légères :
– Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause ! ainsi que Comment réussir quand on est con et pleurnichard de Michel Audiard. (PS : Paraît qu'Audiard souhaitait adapter Mort à crédit et Voyage au bout de la nuit au cinéma, comme quoi mes conseils sont pas tous complètement à côté de la plaque)
– Pour le côté enfance et adolescence, allez revisionner des épisodes de Malcolm (en s'empiffrant de chips, sinon ça marche pas). De quoi se changer les idées tout en gardant une petite touche caustique.
– Niveau playlist pourquoi pas: Pigalle – Patate ... Nan je déconne. Le silence est encore le meilleur allié. Et on a pas encore inventé la vie avec une B.O intégrée à ce que je sache (j'espère que quelqu'un y travaille).
Sur ce bisou, j'ai un voyage au bout de la nuit qui m'attend.
Voir aussi :
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