Requiem Pour Un Massacre : Beaucoup De Mal Pour Ton Bien
Alors autant te prévenir tout de suite : si tu comptes sur un bon film à mater pépère dans ton canapé en mangeant des Maltesers, tu tombes mal. Parce que Requiem pour un massacre, comme son nom le laisse deviner, comporte des évènements si violents que tu vas parfois rester pétrifié d'horreur sous ta couette, et ta cuite de la veille risque de mal passer. Voilà, c'est dit.
L'histoire se passe pendant la Seconde Guerre Mondiale, au coeur de la Biélorussie occupée par les nazis. Fliora, un adolescent de quinze ans, s'engage chez les partisans, un mouvement de la résistance armée contre les nazis. Il sera ainsi confronté aux pires horreurs, malgré quelques instants de grâce permis par la magie de l'amour (what else).
La force du film se trouve, entre autres, dans sa distinction d'avec les films de guerre typique (il s'agit d'un film russe) qui te racontent que la guerre c'est très dur et très mal, mais qu'heureusement il y a toujours une bonne âme blanche pour sauver les gens : c'est sans doute un gros cliché mais avoue que la grande majorité des films de guerre que t'as vu, c'est presque ça.
Ici, la violence pure ne se trouve pas seulement dans les explosions et des rafales de balles (bon, il y en a aussi, c'est la guerre quand même) mais dans la traversée lente et périlleuse d'un marécage par deux adolescents, la fabrication artisanale d'une effigie d'Hitler ou la menace pesante du bourdonnement des mouches (je te jure, t'entendras plus jamais ce bruit de la même façon après).
Enfin le film se distingue par son esthétique de fou, notamment lors de la première heure : tandis que la plupart des films misent sur une image ou une séquence qui marquera les esprits de temps à autre au cours du film, ici, chaque image ou presque est marquante par sa composition, l'échelle de plan utilisée, son grain et ses couleurs décontrastées (bref elles sont magnifiques et tu voudrais toutes les retenir dans ta tête mais y'en a trop). Elem Klimov a le don de filmer les instants de grâce et certaines séquences de violence de la même façon : ralentis, voix dénaturées, son et étouffé ; rêve et cauchemar sont mélangés et nous font comprendre que la guerre c'est juste une autre dimension où le bien et le mal perdent de leur sens.
Alors, pourquoi ce film te fera du bien au final, malgré que t'as eu envie de te cacher sous ta couette et de regarder un Disney? (Y'a pas de mal hein, moi aussi j'adore Disney). Ben parce que toute cette violence nous fait prendre conscience, nous petits humains du 21eme siècle choyés par la vie, de l'horreur du passé. L'injustice et la violence qui sont montrées provoquent de la haine envers la haine, et nous font prendre conscience qu'il faut absolument arrêter ce genre d'ignominies des plus absurdes... Et ça, c'est super important j'trouve.
Requiem Pour Un Massacre, Elem Klimov (1985)
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